La réforme du tabac européen ressuscite le clan des "amis de la PAC"

Sous la pression de 5.000 planteurs venus manifester en marge d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture, l'Italie, présidente en exercice de l'Union, la Grèce, l'Espagne, la France et le Portugal, ont marqué leur opposition au plan concocté pour l'avenir du secteur par le commissaire européen Franz Fischler.

Dans une lettre ouverte à M. Fischler, les cinq pays "méditerranéens" de l'UE ont marqué leur inquiétude quant aux conséquences du découplage total entre les aides et la production proposé par le commissaire en termes d'emploi et de gestion de l'espace rural.

Sans remettre en cause la "volonté" commune des Européens de "prendre en considération les problèmes de santé publique causés par le tabac", ils ont réclamé le maintien d'un lien au moins partiel entre les aides et la production, en soulignant "le besoin de protéger les emplois de tous les travailleurs du secteur".

Le projet de M. Fischler prévoit notamment à partir de 2005 un découplage total des aides à la production de tabac pour les premières 3,5 tonnes produites par exploitation, et à hauteur de 80% pour la production comprise entre 3,5 et 10 tonnes.

A l'horizon 2007, le faible solde de subventions encore liées aux quantités cultivées se fondrait, au titre du développement rural, dans une enveloppe financière destinée à la restructuration des zones de production qui remplacerait l'actuel Fonds communautaire pour le tabac.

Les ministres Giovanni Alemanno (Italie), Giorgios Drys (Grèce), Miguel Arias Canete (Espagne), Hervé Gaymard (France) et Armando Sevinate Pinto (Portugal) ont dénoncé dans leur lettre commune les "conséquences très graves" qu'aurait selon eux le plan Fischler.

Le projet "va provoquer soudainement un abandon de la culture du tabac et signifier la perte de dizaine de milliers d'emplois, non seulement sur les exploitations mais aussi dans l'industrie de la transformation", ont-ils estimé.

"Ce phénomène va être aggravé par le fait que la culture du tabac est très fortement concentrée dans certaines régions, où les activités liées fournissent un pourcentage élevé des emplois globaux", ont-ils ajouté.

Selon l'Union internationale des planteurs de tabac (Unitab), à l'origine de la manifestation de lundi, la culture du tabac concerne en Europe "110.000 familles d'agriculteurs, 400.000 emplois saisonniers" et 30.000 emplois dans l'industrie de la transformation.

Les aides européennes à cette production ne pèsent qu'une goutte d'eau (1 milliard d'euros par an) dans les plus de 40 milliards du budget agricole communautaire. Mais le sujet reste hautement sensible au plan politique.

Face aux Cinq, qui assurent l'essentiel de la production européenne de tabac brut (348.000 tonnes par an), les pays non producteurs emmenés par la Suède veulent satisfaire la part croissante de leurs opinions partisanes d'éliminer toute aide publique à une culture aux effets nocifs pour la santé.

Devant quelques journalistes, Hervé Gaymard a assuré ne pas être "opposé à une réforme" mais "à la proposition Fischler" sous sa forme actuelle, en soulignant que l'alliance des Cinq formait "une minorité de blocage" au sein de l'UE.

"Il ne faut pas mélanger la thématique de santé publique et la thématique économique. L'Europe importe déjà 80% de son tabac de l'étranger et des pays tiers. Si demain, l'Europe importe 100%, cela ne changera rien par rapport à l'amélioration de la lutte anti-tabac par ailleurs nécessaire", a-t-il défendu.


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