La déferlante du maïs hongrois perturbe la filière française

"On voit l'impact de l'élargissement, il s'agit d'un problème majeur depuis que nous sommes dans une nouvelle configuration d'Europe à 25", déclare Christian Lapointe, président du Conseil central de l'Onic (Office national interprofessionnel des céréales).

Situation inédite, "nous sommes excédentaire en maïs", ajoute-t-il. Jusqu'à l'élargissement, "l'Union Européenne à 15 était déficitaire en maïs, et la production française pesait 50% de la consommation européenne, pour la première fois, nous nous retrouvons avec une production européenne excédentaire", explique François-Gilles Le Theule, directeur général de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM). Principale accusée, la Hongrie, qui avec une production record 8 millions de tonnes annoncées, se voit affublée d'une partie de la responsabilité de ce surplus, et accessoirement de la chute des cours, à 102 euros la tonne en septembre 2004 (-25,2% par rapport à 2003). "On est ras au dessus du seuil d'intervention de Bruxelles, à 100 euros la tonne; les années passées, il n'y avait pratiquement jamais d'intervention (mécanisme par lequel l'Union Européenne achète le maïs quand il atteint un seuil plancher, NDR)", poursuit M. Le Theule. La production française est de 15 Mt, en forte progression elle aussi. L'Europe à 25 se retrouvera donc cette saison avec 61 Mt de maïs disponible, pour une consommation intérieure de 51 Mt.
Un excédent qu'il va falloir écouler dans un premier temps par l'exportation.

Situation inhabituelle, qui pousse les professionnels a demander à Bruxelles des mesures de restitution (mécanisme par lequel l'Union Européenne paie la différence entre le prix du produit européen et celui de marché mondial, NDR). "Aujourd'hui, il faut des restitutions, les Hongrois en demandent, nous les appuyons fortement", affirme Christian Lapointe. Daniel Perrin, DG de l'Onic, va plus loin: "si la situation actuelle se prolonge, si on n'a pas de mesures d'aide à l'exportation, cela amènera les producteurs à s'interroger sur la poursuite de la culture de maïs dans ces conditions". François-Gilles Le Theule, de l'AGPM, tempère cet alarmisme: "si on n'a pas de restitutions, cela peut devenir inquiétant à court terme, mais je ne suis pas inquiet à moyen terme", car il y a très peu de stocks mondiaux. "Cette année, explique-t-il, production et consommation sont au même niveau, mais les années passées, la consommation dépassait la production et cela a réduit les stocks". De plus, les maïsiculteurs français explorent de nouvelles pistes, "d'autres débouchés pour notre maïs, poursuit M. Le Theule, tel que le développement des bio-carburants: nous avons un projet d'usine pouvant traiter 300 000 tonnes de maïs". "Il convient également que dans le cadre des négociations multilatérales, l'Union Européenne n'ouvre pas de trop gros contingents", selon lui.

Toujours est-il que ce renversement de tendance en Europe risque de durer, notamment avec l'arrivée attendue sur le marché commun d'autres gros producteurs tels que la Roumanie bientôt, mais aussi la Serbie et Croatie. "On s'y attendait", reconnait François-Gilles Le Theule, "et ce n'est pas fini".


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