Les consommateurs, réticents, dénoncent la levée imminente du moratoire

La Commission européenne doit décider le 19 mai de lever le moratoire observé depuis 1999 sur les nouveaux OGM, en autorisant la commercialisation du maïs transgénique BT-11 de la firme suisse Syngenta.

Bruxelles considère avoir respecté la demande des gouvernements et du Parlement européen en faisant adopter une nouvelle législation sur l'étiquetage qui prévoit que tout aliment contenant plus de 0,9% d'OGM devra être étiqueté comme tel.

"Nous estimons que la levée de ce moratoire est plus que prématurée. Certes, nous avons obtenu cet étiquetage censé nous rassurer, mais qui ne nous rassure qu'à moitié", a indiqué lundi à l'AFP Daniel Tournez, vice-président chargé des affaires euroépennes au sein de Consofrance.

"Petit à petit, ces OGM seront tellement implantés qu'on ne pourra plus faire marche arrière. Les 0,9%, c'est un début mais après, quid en terme d'évolution ?" s'interroge-t-il.

"Compte tenu des nouveaux éléments d'appréciation qui sont apparus depuis 1999, nous demandons que la réglementation soit complétée de manière à pouvoir offir une véritable protection pour le consommateur", a indiqué Olivier Andrault, directeur scientifique à la CLCV (Confédération consommation, logement, cadre de vie).

Selon M. Andrault, il ressort de ces nouveaux éléments que les OGM n'offrent pas les bénéfices escomptés, notamment au niveau des rendements, "les augmentations ne sont au mieux que de 10% et dans des zones géographiques bien précises". Quant au bénéfice pour le consommateur, "il n'y en a pas".

En revanche, la culture d'OGM peut avoir une incidence sur l'environnement, précise-t-il se référant à une étude réalisée en Angleterre qui fait apparaître notamment "des résistances au Glyfosate (herbicide), ce qui pose un problème".

Des garanties doivent être données aux consommateurs avant la levée du moratoire, insiste de son côté l'UFC-Que Choisir qui redoute qu'ils ne puissent continuer à acheter les produits sans OGM "sans surcoût".

L'UFC réclame aussi la création d'un régime de responsabilité "spécifique en matière de pollution génétique" qui devra "gérer les risques environnementaux sanitaires ou économiques qu'ils soient avérés ou hypothétiques". Ce que préconise également la CLCV.

"Aujourd'hui, le fermier qui cultive des produits OGM n'est pas couvert par les assurances s'il pollue le champ de son voisin, les compagnies refusant de couvrir ce risque. La filière sans OGM doit être préservée par une réglementation", fait valoir M. Andrault.

La CLCV prône aussi la création d'une "commission" qui serait chargée d'examiner les "problèmes scientifiques mais aussi les problèmes plus généralement sociétaux". Constituée de scientifiques et de représentants des consommateurs, elle aurait pour tâche d'étudier la validation des nouveaux OGM sur des paramètres nouveaux: bénéfices pour le consommateur, risques environnementaux sur le moyen ou long terme, vérification de l'utilité alléguée des OGM...

La levée du moratoire doit être conditionnée, avec une "véritable évaluation des risques qui ne se limite pas aux problèmes de toxicité à très court terme", a ainsi relevé M. Andrault.

Devant la pression des consommateurs mais aussi des opérateurs, la commission européenne a mis en place des lignes directrices, a reconnu M. Andrault "mais ce ne sont que des conseils. Pour le moment, on est resté à mi-chemin. Il faut une obligation réglementaire", a-t-il insisté.


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