"Les appels à repenser complètement la PAC peuvent être dangereux si l'on prend en compte le fait que la dernière réforme n'est même pas encore entrée en vigueur", a expliqué Carmen Suarez, la chef économiste de la National Farmers Union (NFU).
Le budget actuel de la PAC a été établi lors d'un compromis en 2002 et ne doit pas, en principe, faire partie de la négociation budgétaire au sommet de Bruxelles. Mais Londres lie la question de son rabais à une remise à plat des dépenses agricoles.
Selon Mme Suarez, les agriculteurs britanniques "comprennent bien que le rabais compense un déséquilibre" et trouvent que "c'est le rôle de tout gouvernement de tirer le meilleur parti de tout accord". Mais ce rabais produit "une conséquence perverse", déplore la NFU : les deux tiers des sommes investies par Londres dans le développement rural, par exemple, sont ainsi déduites du rabais britannique. "Cela explique que le ministère des Finances soit très conscient du coût de la PAC", a poursuivi Mme Suarez, "tandis que la France, l'Allemagne ou l'Espagne se réjouissent simplement de toute dépense (agricole) supplémentaire".
L'économiste de la NFU a enfin regretté le "simplisme" des positions exprimées "des deux côtés". "La PAC, a-t-elle rappelé, coûte moins de 0,5% du PIB (produit intérieur brut) de chaque pays, alors que les agriculteurs gèrent près des trois quarts du territoire. C'est donc plutôt une bonne affaire".
La Grande-Bretagne est le 5ème pays bénéficiaire de la PAC. Elle a perçu en 2004 près de 4 milliards d'euros, soit 8,9% des dépenses agricoles. La France est le premier bénéficiaire, avec 9,4 mds EUR (21% des dépenses agricoles), devant l'Espagne (6,3 mds EUR), l'Allemagne (6 mds EUR) et l'Italie (5 mds EUR).
