"Je revis. Je me sens comme un guerrier qui rentre enfin à la maison", s'est exclamé le boucher-poète florentin Dario Cecchini, un de ses plus ardent défenseurs. Cecchini avait organisé des funérailles symboliques pour cette pièce de boeuf et avait apposé à l'entrée de sa boucherie cette épitaphe: "La Fiorentina, diminuée, a préféré la mort". Le comité vétérinaire de l'Union européenne a levé cette semaine l'interdit --seule la France et l'Allemagne ont voté contre-- et la Fiorentina pourra à nouveau être servi dans sa forme originelle à compter du 1er janvier 2006, a précisé un porte-parole de la commission européenne. La nouvelle a pris une tournure politique dans la péninsule. Le quotidien communiste Il Manifesto l'a ainsi annoncée en Une avec un dessin qui la lie au budget d'austérité présenté par le gouvernement de Silvio Berlusconi. "La Fiorentina revient", s'exclame un des personnages. "Mais on ne peut plus se la permettre", lui répond l'autre.
Dans la tradition, la Fiorentina était taillée dans la longe d'un jeune bovin âgé de 18 à 24 mois. La pièce comprend l'os en forme de T, du filet et du contre-filet, pèse entre 700 et 800 grammes, a une épaisseur de 3-4 centimètres et doit être cuite au gril pendant dix minutes. La maladie de la vache folle lui a été fatale avec la découverte d'un lien entre l'ESB et sa variante humaine, la maladie de Creutzfeld Jakob. L'Union européenne a interdit le 31 mars 2001 l'utilisation de la colonne vertébrale de tous les bovins âgés de plus de 12 mois. L'Italie a déclaré 50 cas de vache folles en 2001. Trois ans plus tard, en 2004, sept cas seulement ont été déclarés. Les troupeaux ont à chaque fois été éliminés. Certains restaurants ont continué à offrir des Fiorentina au menu, mais il s'agissait de pièces de boeuf auxquelles les bouchers avaient éliminé la partie de colonne vertébrale considérée comme dangereuse.
