Interrogés après une réunion d'information du personnel qui s'est déroulée mardi à Champigneulles, les deux syndicats ont relevé que seuls 40 à 95 emplois, contre 250 aujourd'hui et 190 fin 2006 seraient maintenus, selon la dimension que donnerait au site son futur repreneur. "Or avec 40 personnes, le site n'est plus viable" ont affirmé à l'AFP José Garcia, délégué CFDT et Francis Ruinier, délégué CGT. Ce seuil plancher serait atteint si le repreneur se limitait à conserver à Champigneulles sa production actuelle pour le compte de la grande distribution et du hard discount, soit 200.000 à 300.000 hectolitres par an, a indiqué Vincent Rattez, porte-parole de Brasseries Kronenbourg.
"De nombreuses brasseries en France sont pérennisées avec des volumes égaux ou moindres" a souligné M. Rattez. L'hypothèse haute de 95 salariés correspondrait à un volume annuel d'environ un million d'hectolitres, obtenu par des apports de production du repreneur, a ajouté le porte-parole. Champigneulles prévoit en 2006 de produire 1,6 million d'hectolitres, contre 3 millions en 2000. La CGT a proposé mardi d'inclure dans le périmètre de reprise les marques Kanterbräu et Gold, principales productions du site. "Cela donnerait au repreneur une base d'un million d'hectolitres et permettrait de préserver jusqu'à la totalité des effectifs en fonction de ses propres apports de volumes" estime Francis Ruinier (CGT). L'actuel projet met, selon lui, à mal "la compétitivité" de Champigneulles car "il est concentré sur le hard-discount, donc les bas prix".
Selon Vincent Rattez, la Kanterbräu, dont les ventes ont reculé de 55% en six ans, "sera mieux défendue" en étant produite à Obernai (Bas-Rhin) comme le prévoit le projet de cession, car elle y sera fabriquée à coûts moindres. Construite en 1897 et partenaire du Tour de France cycliste pendant des dizaines d'années, la brasserie de Champigneulles avait été rachetée en 1987 par Kronenbourg qui se donne jusqu'au mois de juin pour mener à bien la recherche d'un repreneur.
