« Les prix des engrais étaient plutôt stables et baissiers dans les années 1980 et 1990. De 2000 à 2006, on a assisté à une augmentation modérée des prix et une hausse de la volatilité. En 2007 et 2008, cela a été l’explosion, puis en 2009 une chute brutale ! », raconte Pierre Cazeneuve, auteur de l’étude et directeur de Gcl Développement durable. Ce qui explique cette inflation que connaît désormais le secteur des engrais minéraux ? D’abord « une très forte évolution de la demande mondiale depuis 25 ans, surtout pour l’azote… Un facteur structurel qui n’est pas prêt de s’arrêter, selon les projections de la Fao (Food and agriculture organization)», annonce le consultant. L’objectif de plus en plus de pays, de la Chine et l’Inde notamment, est en effet de devenir le plus rapidement possible auto-suffisant sur le plan alimentaire. Dans ce contexte, la fertilisation est donc devenue plus que jamais une composante essentielle pour assurer une meilleure productivité des cultures. Cette hausse de la demande a engendré une « quasi-crise de l’offre », selon les termes de l’étude.
Une offre qui a donc tenda
![]() Un prix des engrais en France qui reste corrélé au prix mondial, observe l’étude. L’industrie française des engrais jouerait un effet « tampon » sur les prix, à la fois sur les prix à la baisse et à la hausse. (© D.R.) |
La France pèse de moins en moins
« Mais plus qu’un problème de disponibilité de ces matières premières, c’est l’exploitation et la qualité de ces ressources qui posent problème », précise Pierre Cazeneuve. L’exploitation est devenue trop coûteuse et la qualité - surtout celle du phosphate – rendent incertains de nombreux projets d’investissements à moyen terme. « Seuls des investissements d’Etats ou à court terme sont aujourd’hui réalisés », indique le consultant. Une exploitation rendue également incertaine par l’instabilité des pays ressources. Pour exemple, la crise qui s'est déroulée début 2009 entre la Russie et l'Ukraine : la plupart des livraisons de gaz russe à destination de l’Europe passent par l’Ukraine et Moscou avait coupé les vannes à Kiev à cause d’une dette non réglée entre les deux pays.
« Afin d’assurer un prix compétitif et d’optimiser la chaîne de fabrication, la production d’engrais minéraux s’oriente vers une délocalisation à destination des pays ressources », projette l’auteur. Le coût des engrais minéraux restant fortement lié aux coûts de ces matières premières, « l’accès direct aux gisements est un facteur majeur de compétitivité, ce qui désavantage fortement les industriels français », explique l’étude. Pour l’azote par exemple, son coût de fabrication est à 80 % constitué par celui du gaz naturel. Ce seront donc les pays producteurs-exportateurs qui pèseront sur le marché des engrais de demain : Afrique du Nord (Maroc pour la potasse), Moyen-Orient, Canada, Russie notamment. Et dans ce marché très mondialisé et « multipolaire » où les régions de production ne sont donc pas forcément les régions de consommation, la France pèse de moins en moins. Elle est passée du 4ème au 7ème rang des pays consommateurs entre 1980 et 2006. «
Cette augmentation tendancielle du prix des engrais devrait se poursuivre à moyen terme principalement à cause d’une demande croissante d’engrais minéraux insuffisamment suivie par des investissements dans de nouvelles capacités de production », résume Pierre Cazeneuve. Concernant l’envolée plus récente des prix en 2007 et 2008, elle s’expliquerait par une série de facteurs d'ordre conjoncturel, qui se sont ajoutés à ces facteurs structurels : spéculation sur le prix des matières premières, fermeture de plusieurs usines, développement des énergies alternatives consommatrices de produits agricoles, retard pris par certains projets ou investissements, ou encore mise en place de politiques publiques défensives (taxes, subventions).
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