![]() La France est en mesure de produire, chaque année, environ 35 Mt de blé. (© Terre-net Média) |
Il est vrai que la position de la France lui confère, ces derniers mois, une place privilégiée dans la conjoncture actuelle des marchés. Epargnée, par son climat, des accidents climatiques qui touchent régulièrement de nombreux grands pays producteurs céréaliers, elle s’affiche sur la scène internationale comme une source d’approvisionnement sûre.
Elle est en mesure de produire, chaque année, environ 35 millions de tonnes de blé. Et les années déficitaires, sa production est appréciée, surtout depuis quelques mois, en raison de la qualité de ses grains qui fait le bonheur des pays tiers importateurs, l’Egypte en tête. Elle a déjà acheté 1,5 million de tonnes à la France, devenue son premier fournisseur. La conjoncture pourrait même conduire Le Caire, trop dépendant de ses livraisons en provenance de la Mer Noire, à revoir ses stratégies d’approvisionnements.
La France ambitionne d'exporter 11,5 Mt de blé vers les pays tiers
Sur la campagne 2010/2011, la France ambitionne d’exporter 11,5 millions de tonnes vers les pays tiers et pour augmenter son disponible, elle en importerait jusqu’à un million de qualité fourragère. Si notre pays avait plus de blé à vendre, il trouverait preneurs car les retraits de la Russie et de l’Ukraine constituent une perte de 22 millions de tonnes de blé exportables; un déficit en fait ramené à 15 millions de tonnes, en raison des solutions alternatives trouvées pour sept millions de tonnes (substitution blé/maïs par exemple pour l’alimentation animale).
Pour le premier semestre de la campagne, la France pourrait engager jusqu’à 8 millions de tonnes de blé à destination des pays tiers, 3,3 ayant été déjà chargées dans les ports. Les experts s’attendent à ce que le manque de disponibilités freine les chargements dans les bateaux durant le second semestre de la campagne actuelle.
Le marché mondial pourrait rester tendu toute la campagne
Le paradoxe de la conjoncture européenne réside dans l’abondance de blé fourrager et autres céréales secondaires, avec un déficit en blé de qualité, que la France est en mesure de fournir en grandes quantités, dans la limite de ses disponibilités. Résultat, les ventes européennes s’établiraient à 6,8 millions de tonnes, en retrait de 500.000 tonnes par rapport à la campagne précédente.
Le marché mondial pourrait rester tendu toute la campagne car les récoltes attendues dans l’hémisphère Sud ne seraient pas extraordinaires. Les Etats-Unis ont, par ailleurs, revu à la baisse leurs productions de maïs et la Russie ne parviendra pas à ensemencer 18 millions d’ha de blé d’hiver. A cela s’ajoutent des problèmes logistiques et d’acheminement en Australie et même aux Etats-Unis. Autre facteur de tension sur le marché, la quasi inexistence de solutions alternatives aux céréales fourragères pour l’alimentation animale.