![]() Orge d'hiver. (© Terre-net Média) |
Cette opération s’inscrit tout à fait dans l'un des scénarios, présenté lors de l’intervention « En cas d’excès d’offre, aide directe ou retrait du marché ? » d’Hervé Guyomard de l’Inra de Nantes au colloque « L’agriculture face à l’incertitude des marchés ».
Le retrait du marché pour les situations d'urgence
Organisé le 27 octobre 2010 par Pluriagri et l’Inra, il s’est déroulé à la Société des agriculteurs de France. Selon le directeur scientifique Agriculture de l’Inra, le retrait du marché a tendance à avoir un impact supérieur sur les revenus agricoles relativement à une aide directe découplée, si l’offre (politique de quotas) et la demande sont peu sensibles aux variations de prix et si les produits retirés du marché sont peu exportables (car les opportunités à l’export sont faibles par exemple).
Le retrait du marché est ainsi tout à fait adapté pour répondre à une situation d’urgence, en particulier lorsque les marchandises en jeu sont déjà produites. L’intervention de Bruxelles, de financer le stockage d’orge l’an passé, s’inscrit dans cette logique. Il se déroulera même dans un contexte favorable, puisque les prix de vente seront largement supérieurs aux cours des marchés en vigueur lors du retrait des céréales.
Une aide directe découplée entre, au contraire, dans une démarche inscrite dans la durée, qui vise à déconnecter la production agricole du revenu des agriculteurs, d’où les choix opérés par Bruxelles pour réformer la Pac. Et elle présente un intérêt majeur : payée par le contribuable, elle bénéficie directement aux producteurs.
Et le consommateur
Du point de vue du consommateur, l’aide directe découplée est préférable aux achats publics car elle n’a aucun effet sur son comportement : le prix payé est celui en vigueur sur les marchés. L’aide découplée ne donne, par ailleurs, aucun signal aux pays étrangers exportateurs. Le soutien public, octroyé par des achats publics, conduit en revanche à faire payer, à la fois, le contribuable, pour financer l’opération, et le consommateur, ce dernier achetant à un prix plus élevé son produit.
Enfin, si les marchés sont ouverts, l’achat public est une porte ouverte aux importations. En fait, le choix entre aide directe découplée et achats publics est aussi lié à la nature du produit. Si la production du bien n’est pas en mesure de s’adapter à la demande, l’achat public sera préféré à une aide découplée. Si l’agriculteur a les moyens d’ajuster sa production à la demande, l’aide découplée serait la plus bénéfique pour compenser le manque à gagner. Rentre aussi dans ce dernier choix, le degré d’ouverture des marchés à l’export.