![]() Nicolas Sarkozy, président de la République : le désamour des agriculteurs. (© Terre-net Média) |
Malgré six visites dans des exploitations à travers la France (Essonne, Provence), l’annonce du plan exceptionnel pour l’agriculture en décembre et une émission télévisée en avril dernier, l’opération de charme du président de la République auprès des agriculteurs a échoué. Nicolas Sarkozy a déçu les agriculteurs qui l’ont porté au pouvoir.
La déception est profonde. Ils ont éprouvé, en pleine crise financière, un sentiment d’abandon de la part du président et du gouvernement, alors que les banques et les industries automobiles étaient aidées à hauteur de milliards d’euros.
Sondage réalisé entre le 16 et le 24 octobre 2010 par Internet auprès d’un échantillon national |
Pour 2010, de nombreux chefs d’exploitation (éleveurs spécialisés exceptés) s’attendent à une importante augmentation de leur revenu mais ils ont le sentiment de la devoir davantage à eux-mêmes, aux marchés des produits végétaux (fruits, légumes céréales) porteurs, mais aussi au redressement du marché du lait, et non pas aux mesures prises par le gouvernement (plans d’urgence successifs). Du reste, 76 % des chefs d’exploitation interrogés estiment que la politique agricole du gouvernement est « plutôt mauvaise » ou « mauvaise ».
79 % des agriculteurs ne font pas confiance au président de la République
Avec 52 % de « très bonne » ou « plutôt bonne » opinion, une majorité d’agriculteurs reconnaît cependant les efforts déployés par Bruno Le Maire, inconnu il y a 18 mois lorsqu’il a pris ses fonctions rue de Varenne, en pleine crise du lait, puis des céréales. Le ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche a montré ses capacités de persuasion, pour ramener le calme dans les campagnes et apporter des solutions aux crises successives, alors que la période est à la rigueur budgétaire.
Avis de Gaël Sliman, directeur Bva Opinion
La situation est inédite puisque Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, est crédité d’une cote de confiance supérieure à celle du président. Résultat, la notoriété et la confiance du ministre de l’Agriculture pourraient le desservir. Nicolas Sarkozy aura-t-il en effet le courage de promouvoir un ministre plus populaire que lui ? Enfin, les résultats des sondages Bva montrent que les agriculteurs font bien la différence entre la situation nationale de l’agriculture, dont ils imputent la responsabilité au gouvernement (faible taux de confiance créditée au premier ministre et au président), et le capital de confiance tout à fait correct (43 %) accordé à ce même gouvernement pour approuver les positions défendues par celui-ci, dans le cadre des négociations de la Pac, et par conséquent pour préparer l’avenir. » Propos recueillis par Frédéric Hénin |
Confiance qu’accordent 46 % des chefs d’exploitation à Bruno Le Maire pour « défendre l’agriculture et les agriculteurs », un ministre probablement victime par ricochet du discrédit que les agriculteurs portent à l’ensemble de la classe politique, et à Nicolas Sarkozy en particulier. En effet, cohérents avec eux-mêmes, 79 % des agriculteurs ne font pas confiance au président de la République pour défendre l’agriculture. Un taux ramené à 61 % pour François Fillon, premier ministre. En fait, neuf agriculteurs sur dix, proches de la Confédération paysanne, font partie du clan des « non », alors que 51 % des agriculteurs proches de la Fnsea font confiance au premier ministre.
Autre enseignement de ces sondages : l'écart constaté entre les catégories d’agriculteurs. Les éleveurs sont plus nombreux que les autres à ne pas faire confiance au ministre de l’agriculture, au premier ministre et au président pour défendre l’agriculture. Ils sont rejoints dans les mêmes proportions par les agriculteurs proches de la Confédération paysanne.
En fait à quelques semaines de la publication des comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2010, les résultats du sondage traduisent avant tout le pessimisme des éleveurs, qui ne voient pas leur situation économique se redresser. Les agriculteurs « grandes cultures » et « polyculture élevage » profitant à l’inverse de l’embellie des céréales.
2010, une année de convalescence
A Bruxelles, les agriculteurs ne semblent pas rendre totalement responsable, le gouvernement, de la mauvaise orientation des négociations sur la réforme de la Pac. Si 68 % des 554 chefs d’exploitation interrogés pensent que « les négociations vont plutôt dans le mauvais sens », (15 % dans le bon sens), 43 % « approuvent les positions défendues par le gouvernement français » à Bruxelles.
A noter toutefois, un fort clivage entre les adhérents de la Fnsea (64,5 %) et les polyculteurs éleveurs (54 %), qui font partie du clan de ceux qui approuvent les positions défendues par le gouvernement français pour réformer la Pac, alors qu’une large majorité des agriculteurs proches de la Coordination rurale (61 %) et de la Conféderation paysanne (65 %) n’approuve pas. Les exploitants « grandes cultures » sont également plus nombreux dans le clan des « défiants » : 75 % d’entre eux pensent que « les négociations vont plutôt dans le mauvais sens » et 52 % n’approuvent pas les positions défendues par le gouvernement.
Cliquez sur l'image pour agrandir le graphique. (© Baromètre agricole Terre-net Bva) |
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