L'optimisme retrouvé des producteurs

L'optimisme retrouvé des producteurs

 


Il faut que les chercheurs trouvent plus d'une dizaine de variétés tolérantes à la bactérie, de manière à recréer une richesse variétale capable de résister à la maladie et à la sécheresse. (© Terre-net Média)
Producteur à Chamaloc, près de Die, et président de la Fédération départementale Drôme-Ardèche des producteurs de lavande et de lavandin, Alain Aubanel ne le cache plus: «On a eu peur un moment que la lavande disparaisse. On ne l'a pas trop dit à l'époque, mais...» Les pépins commencent en 2002, une année de «gros gel» suivie d'une succession de périodes de canicule, de sécheresse et de gel, qui vont contribuer à affaiblir la plante.

«L'arrachage du pied malade reste la seule alternative»

Une maladie, déjà présente, s'est alors développée: le «dépérissement», qui touche aussi bien la lavande que son hybride, le lavandin, dans tous les départements producteurs, Vaucluse, Drôme et Alpes de Haute-Provence principalement. La maladie, due à une bactérie, le phytoplasme du Stolbur, est transmise par un insecte volant. «Quand la plante est contaminée, les canaux de circulation de la sève se bouchent et la plante meurt par asphyxie en quelques mois, voire en quelques semaines», explique M. Aubanel. L'utilisation d'un antibiotique contre la bactérie étant interdite en France, l'arrachage reste la seule alternative.

Quant à l'insecte, la cicadelle, il «sort entre juin et août, soit en pleine période de polénisation des abeilles», explique M. Aubanel. Tuer chimiquement la cicadelle, «c'est tuer les abeilles».

Une production d'huile essentielle divisée par cinq !

La mortalité de la lavande s'est traduite par un effondrement de la production de son huile essentielle, utilisée dans la parfumerie fine et les cosmétique (celle du lavandin est utlisée pour les lessives). Dans la Drôme, où 95% des surfaces de lavande sont consacrées à ce marché, la production d'huile est passée, selon François-Arnaud Miramont, technicien à la Chambre d'Agriculture, de 6 tonnes en 2000 à 1,3 T en 2009.

«Des acheteurs se sont dits alors : ce n'est plus une plante fiable, il faut la sortir des formules des parfums ou des cosmétiques», se rappelle M. Aubanel. «C'est là qu'on a eu peur que la lavande disparaisse».

Dans la Drôme, la riposte s'est concrétisée par un «plan de reconstitution du patrimoine lavandicole» de trois ans, qui a bénéficié du soutien (200.000 euros) du Conseil général. Objectifs: aider notamment les producteurs à passer le cap difficile et à reconstituer le potentiel de production, avec replantation de plants sains. Un deuxième plan de 240.000 euros (2011-2013) est programmé, précise Pierre Combes, vice-président du Conseil général, pour qui sauver la lavande, c'est aussi aider le tourisme et assurer le maintien de la vie en moyenne montagne, là où pousse la plante.

Des variétés tolérantes

Mais l'optimisme retrouvé vient surtout des programmes de recherches sur le dépérissement. Certes le problème sanitaire persiste, pointe M. Miramont. Mais aujourd'hui, «on a des variétés assez prometteuses issues de la recherche ou découvertes par hasard», qui se révèlent tolérantes à la bactérie, affirme M. Aubanel. Reste un défi de taille: l'huile essentielle de lavande bénéficie de l'AOC quand elle est issue d'une «lavande de population», c'est-à-dire d'un mélange naturel de variétés, souligne M. Aubanel. «Il faut donc que les chercheurs trouvent plus d'une dizaine de variétés tolérantes de manière à recréer une richesse variétale capable de résister à la maladie et à la sécheresse», conclut le producteur, qui a retrouvé le sourire: 2011 est «une bonne année».

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