Avec 36 %, la Coordination rurale arriverait-elle en tête des intentions de votes ?

Il faut donc garder raison mais le nombre très important de réponses nous permet de tirer quelques enseignements. En particulier, la capacité des proches de la Coordination rurale (CR) à se mobiliser pour peser sur les résultats de ce vote ! Cette capacité de mobilisation sur le web aura sans doute son importance pour les élections réelles de début 2013...

Un nouveau rapport de force en vue

Ainsi, il résulte de ce vote en ligne que 30,2 % des agriculteurs voteraient pour les listes présentées par la CR si l’élection avait lieu ce mois-ci. Le syndicat, basé à Auch, dépasseraient les listes de la Fnsea et de JA qui ne recueilleraient que 29,3 % des voix. Ramené au nombre de voix exprimées, le score de la CR serait de 36,04 % et celui des listes Fnsea/JA de 35,2 %.

L’autre enseignement de cette consultation est le décrochage de la Confédération paysanne (CP) qui ne recueillerait que 10,7 % des votants (12,8 % des voix exprimées). Outre les quatre principaux syndicats en lice, 8,2 % des voix seraient portées sur d’autres listes.

En plus de la capacité de mobilisation sur le web, les résultats semblent conforter la ligne syndicale de la CR qui cherche à attirer à elle les adhérents déçus par la Fnsea. Sur le terrain, la campagne électorale est du reste lancée et Alain Combres, le nouveau directeur, grand habitué des combats politiques électoraux, a été embauché pour conduire le syndicat à la victoire dans un an.

Au total, les deux syndicats minoritaires, CR et CP, remporteraient 48 % des voix. Le vote en faveur des listes Fnsea/JA n’est donc plus automatique. Les crises de ces derniers mois laissent des cicatrices.

Seul un agriculteur sur six n'irait pas voter

Même si, rappelons-le il faut rester prudent, les résultats de ce vote en ligne peuvent être comparés avec ceux du dernier Baromètre agricole Terre-net-Bva (voir schéma ci-dessous)*, qui a été réalisé selon les normes de sondage avec un échantillon représentatif.

Parmi les syndicats agricoles suivants, pouvez-vous me dire duquel vous vous sentez le plus proche, ou disons le moins éloigné ? Les proximités syndicales observées dans le Baromètre agricole Terre-net Bva donnent des résultats bien différents de ceux d'un vote en ligne. Ici sont gommés les effets de la mobilisation des réseaux sur Internet. Cette mobilisation numérique changera-t-elle la donne ? Le débat est ouvert...  (© Baromètre Terre-net Bva)

La dernière vague de ce Baromètre agricole Terre-net Bva montre l’érosion de l’adhésion des agriculteurs aux positions défendues par la Fnsea et JA. Mais 47 % des agriculteurs avaient tout de même déclaré être « proches ou le moins éloignés des deux syndicats » (67 % de ceux qui expriment une proximité syndicale). En revanche, ce même sondage traduit aussi un décrochage de la Confédération paysanne vis-à-vis de la Coordination rurale mais dans une proportion moindre que dans le vote en ligne de Terre-net Média : 15 % des agriculteurs se déclarent proches de la CR (21,4 % des exprimés) contre 8 % de la CP (11,4 % des exprimés).

Les rancunes ravivées par la loi Cov

En fait, ce sont les 30 % des agriculteurs qui affirment n’avoir aucune proximité particulière pour un des quatre syndicats qui, au moment de voter, pourraient inverser ou non les rapports de force en janvier 2013 entre les organisations professionnelles et en faveur de la CR, en particulier.

Mais les crises successives que traverse l’agriculture et leurs répercussions sur la vie des agriculteurs et sur leur revenu ne semblent pas dissuader les exploitants d’aller voter. Selon le vote en ligne de Terre-net Média, le taux de participation de 83,5 % manifeste l’intérêt encore important des exploitants pour les prochaines élections professionnelles. Seul un agriculteur sur six annonce qu’il ne voterait pas si les élections des représentants avaient lieu le mois prochain.

Enfin, entre le vote en ligne de Terre-net Média et le Baromètre agricole Terre-net Bva, c’est aussi le vote de la loi Cov (Certificat d’obtention végétale) et la taxation sur les semences qui pourraient expliquer le décalage constaté entre les scores des différents syndicats et leur proximité vis-à-vis des idées défendues. Toutes tendances confondues, la majorité d’entre eux n’acceptent pas de ne plus pouvoir utiliser leurs semences aussi librement qu'auparavant.

A un an des élections des représentants des Chambres d'agriculture, rien n'est joué mais le paysage syndical agricole pourrait être fortement chamboulé en 2013.