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« Le taupin est un ravageur dont la pression dans les cultures augmente, sous l’effet de causes probablement climatiques et culturales, amplifiées par la réduction des moyens de lutte », explique Jean-Paul Bordes, responsable recherche et développement d’Arvalis-Institut du végétal. Il précise qu’un programme de recherches multipartenaires a été mis en place en 2009 pour améliorer le diagnostic des situations à risque et évaluer divers moyens de lutte. « Ce travail de fond se poursuit mais, face à la réduction des moyens de lutte conventionnels et à la montée en puissance du parasite, les producteurs se trouvent, dans certaines situations, face à l’impossibilité de produire des pommes de terre. Ils ont exprimé à plusieurs reprises la nécessité d’obtenir des dérogations pour lutter à court terme contre ce ravageur majeur de la pomme de terre. »
Dérogations difficiles à obtenir
Depuis le début de l’année, plusieurs pistes de dérogation ont été explorées afin de trouver des solutions efficaces à court terme.
- Piste Mocap (éthoprophos) : le produit étant inscrit dans la liste II du Grenelle (liste de substances interdites sur le territoire), il s’avère impossible de demander une dérogation d’utilisation. Cette solution est même exclue jusqu’à nouvel ordre pour toutes les cultures en France. D’autre part la firme Certis n’a pas la capacité de fournir le produit en 2012. Elle devait cependant réunir un groupe de travail pour évaluer les suites à donner, estimant que le développement, à terme en France, reste encore possible.
- Piste Goldor Bait (fipronil) : la firme se déclare prête à conduire une action ciblée dès 2012 mais le dossier n’a toujours pas été examiné par l’Anses. Aucune homologation n’existe en France avec cette molécule et de ce fait, il n’est pas possible de demander une dérogation dans les temps pour 2012. D’autre part, la pression médiatique sur cet insecticide constitue sans aucun doute un frein supplémentaire pour l’obtention d’une dérogation.
- Piste Cheyenne (clothianidine) : la dernière possibilité consistait à demander une dérogation de 120 jours par extension d’homologation de Cheyenne qui vient d’être autorisé sur maïs. Malheureusement ce produit n’a pas été testé sur pomme de terre, ni en France, ni chez nos voisins européens. De ce fait, aucun résultat pouvant instruire techniquement cette solution, n’est disponible aujourd’hui. Ce produit sera donc testé en 2012 par Arvalis afin de disposer de références techniques pour 2013.
Jean-Paul Bordes conclut : « A ce jour, malgré les diverses tentatives, aucune autre solution de lutte chimique, que celles autorisées, n’a pu être obtenue par dérogation pour les plantations 2012. Ces difficultés, difficilement contournables, sont essentiellement d’ordre réglementaire, le régime dérogatoire étant strict sur les procédures. »
Préparer 2013
Malgré ces difficultés, il est néanmoins important de préparer, dès 2012, la campagne 2013 en élargissant la gamme des substances actives, autorisées ou pas, testées en champ d’essai. Une action sera également conduite pour évaluer plus précisément la pression du ravageur par région. Le programme de recherche sur les moyens de lutte agronomique et l’évaluation des risques se poursuivent avec des espérances de résultats à moyen terme. « Actuellement les seules solutions autorisées mais insuffisantes en efficacité sont Dursban 5G, et Némathorin. »