Rhizoctone sur céréales à paille : une maladie à prendre en compte cette année

Rhizoctone sur céréales à paille : une maladie à prendre en compte cette année
1 : Aspect marbré des gaines entre le 1er et le 2e nœud, causé par le rhizoctone. (© Arvalis)
Photo 1 : Aspect marbré des gaines entre le 1er et le 2e nœud, causé par le rhizoctone.
2 : Plusieurs taches de rhizoctone sur les tiges,formant un réseau.
(© Arvalis)
2 : Plusieurs taches de rhizoctone sur les tiges, formant un réseau.
3 : Mycélium de R. cerealis visible sur les taches après avoir écarté la gaine. (© Arvalis)
3 : Mycélium de R. cerealis visible sur les taches après avoir écarté la gaine.
4 : Avec le temps, le mycélium de R. cerealis prend un aspect grisâtre. (© Arvalis)
4 : Avec le temps, le mycélium de R. cerealis prend un aspect grisâtre.
5 : Après passage du doigt, la nécrose apparaît, bien blanche, sans ponctuation noire. (© Arvalis)
5 : Après passage du doigt, la nécrose apparait bien blanche, sans ponctuation noire.
6 : Sur les taches de piétin-verse, le stroma noir persiste après passage du doigt. (© Arvalis)
6 : Sur les taches de piétin-verse, le stroma noir persiste après passage du doigt.
Les attaques de rhizoctone des céréales à paille les années précédentes étaient généralement ponctuelles, superficielles, et ne nécrosaient que très partiellement la section de tige. Par conséquent, les pertes de rendement étaient très limitées en comparaison avec un autre pathogène aux symptômes proches, le piétin-verse. Cette année, de sérieuses attaques ont été observées dans plusieurs régions, particulièrement dans le Centre, l'Est (Bourgogne, Champagne, Franche-Comté), et l'Ouest (Pays de la Loire).

Des symptômes à ne pas confondre avec le piétin-verse

Les symptômes de R. cerealis sont visibles sur les gaines généralement à partir de la montaison (photo 1), avec une accentuation et une pénétration des tiges jusqu’à l’épiaison. Il est important de noter qu’il ne génère aucun symptôme au niveau des racines. Contrairement au piétin-verse localisé principalement sous le 1er nœud, les nécroses causées par le rhizoctone peuvent être situées jusqu’au 3e nœud, souvent en réseau de plusieurs taches (photo 2). Les gaines présentent un aspect marbré, qui évolue en déchirure avec des tissus dilacérés, effilochés. Au niveau de la tige, les symptômes portent le nom de tache en "brûlure de cigarette" à cause de leur pourtour irrégulier très foncé et de leur intérieur blanchi. Le mycélium blanc crème de R. cerealis est observable une fois la gaine écartée (photos 3 et 4).

Afin d’éviter la confusion avec le piétin-verse, une astuce de diagnostic consiste à essuyer la nécrose avec un doigt : si la tache apparaît bien blanche, les symptômes sont générés par du rhizoctone (Photo 5). Mais si un ou plusieurs points noirs subsistent au sein de la nécrose, il s'agit de piétin-verse, ces structures noires prises dans la tige étant les stromas du champignon (photo 6).

Cycle de développement du rhizoctone

R. cerealis est un champignon tellurique(1) qui se conserve au cours de l’automne et de l’hiver dans le sol et sur les résidus de cultures hôtes sous forme de sclérotes(2) et de mycélium. Sous des températures supérieures à 2°C, les sclérotes germent et le mycélium se développe jusqu’à entrer en contact avec les gaines du bas de tige. Le champignon s’installe alors dans les tissus et les nécrose, traversant les gaines jusqu’à atteindre la tige et, dans le cas de fortes attaques, les tissus vasculaires.

Selon les études, les températures optimales de développement du champignon varient entre 16°C et 22°C, mais certaines sources citent également une recrudescence de la maladie dans des régions plus froides (moyenne de 9°C). Toutes les études s’accordent cependant sur le fait que des températures supérieures à 30°C diminuent, voire stoppent, le développement du champignon, qui semble inféodé aux zones tempérées.

Il est également intéressant de noter que R. cerealis ne produit aucune spore, ce qui limite fortement la dissémination de la maladie qui reste cloisonnée à la parcelle. La forme sexuée du champignon est connue (Ceratobasidium cereale), mais rarement observée dans la nature et ne semble pas jouer de rôle dans l’épidémiologie de la maladie.

Le champignon et les facteurs favorables

S’il ne faut pas le confondre avec son cousin, Rhizoctonia solani (responsable par exemple du rhizoctone sur le maïs ou la pomme de terre), R. cerealis présente également un très large spectre d’hôtes. Outre les céréales à paille ainsi que les graminées adventices, il est en effet connu pour générer des symptômes sur les gazons et de nombreuses cultures légumières. Cependant, les sous-espèces de R. cerealis (appelées groupes d’anastomose(3) AG) présentent une spécialisation selon leur hôte, particulièrement marquée pour celles issues de céréales à paille (AG-D).

Les facteurs favorisant le maintien et le développement de ce champignon à la parcelle découlent directement du cycle de développement et de l’hôte de R. cerealis AG-D :

  • un précédent "céréales à paille" en absence de travail du sol permet au champignon de se conserver sur les résidus. Cependant, les sclérotes présentant une durée moyenne de survie dans le sol de 3-4 ans, le labour peut également jouer un rôle négatif en remontant à la surface des résidus enfouis l’année précédente. Le broyage superficiel a semble-t-il montré de bons résultats sur la diminution de l’inoculum de R. cerealis dans la parcelle.
  • une date de semis précoce à l’automne fournit au champignon une période de développement à des températures favorables plus longue.
  • des sols légers, sableux, secs et bien drainés sont favorables au champignon, facilitant l’extension du mycélium à l’automne.
  • une fertilisation excessive en azote est associée à une augmentation de la sévérité de la maladie, par contre, un enrichissement en potassium (K) permettrait de contrôler la maladie.
  • l’élimination chimique du piétin-verse, diminuant ainsi la compétition pour le substrat nutritif (la plante), peut être également considérée comme un facteur favorisant le développement du rhizoctone.
  • tout facteur de stress ou carence pour la plante, fragilisant cette dernière, favorise l’installation du champignon et son développement.

La diversité des informations parcellaires concernant les sites présentant des symptômes marqués de rhizoctone cette année ne permettent pas de tirer de conclusions quant à une origine agronomique de ces attaques. L’hypothèse d’une fragilisation de la plante lors des forts gels des mois de février et mars peut être émise, ce stress ayant sensibilisé fortement le blé tendre à ce champignon déjà présent dans le sol. De plus, les températures des mois d’avril-mai ainsi que la forte humidité pourraient avoir favorisé le développement de R. cerealis, mais aucune conclusion ferme ne peut être établie à l’heure actuelle.

Julie Toussaint Ferreyrolle (Arvalis - Institut du végétal)

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