Bruxelles limite le taux de consommation à 5 % d'ici 2020

Bruxelles limite le taux de consommation à 5 % d'ici 2020
Cuves de biocarburants
Les biocarburants de première génération, qui représentent aujourd'hui 4,5 % de la consommation
d'énergie du secteur des transports dans l'UE, ne devront pas dépasser le seuil des 5 % d'ici à 2020,
selon la proposition de la Commission européenne. (© Terre-net Média)
Bruxelles souhaite plafonner la part des biocarburants dits de "première génération", c'est-à-dire produits à base de cultures alimentaires (blé, maïs, betteraves, colza, etc.), afin d'encourager la filière à développer des biocarburants à base d'autres matières premières comme les déchets et la paille.

Les biocarburants de première génération, qui représentent aujourd'hui 4,5 % de la consommation d'énergie du secteur des transports dans l'UE, ne devront pas dépasser le seuil des 5 % d'ici à 2020, selon la proposition de la Commission européenne. L'objectif global de parvenir à 10 % d'énergies renouvelables dans le secteur des transports d'ici à 2020 reste toutefois inchangé.

Limiter l'interférence avec la production alimentaire mondiale

Il s'agit de « restreindre la conversion de terres en cultures destinées à la production de biocarburants et d'accroître les effets bénéfiques sur le climat des biocarburants utilisés dans l'Union européenne », assure la Commission européenne dans un communiqué. « Cette proposition encouragera les biocarburants les plus performants », a assuré le commissaire européen à l'Energie, l'Allemand Günther Oettinger. « Elle n'est pas parfaite, mais c'est très important pour assurer que l'avenir des biocarburants soit plus durable », a jugé la commissaire chargée du climat, Connie Hedegaard.

En freinant le développement des biocarburants issus de cultures alimentaires, Bruxelles entend réduire les interférences avec la production alimentaire mondiale.

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Pour mieux prendre en compte la dimension climatique des biocarburants, Bruxelles propose aussi d'inclure « des facteurs liés aux changements indirects d'affectation des sols (Iluc) dans les rapports que doivent soumettre les fournisseurs de carburant et les Etats membres sur la réduction des émissions associée aux biocarburants et aux bioliquides ».

Critiques de l'industrie et des Ong

Les industriels des biocarburants, qui ont investi massivement dans l'éthanol à base de plantes sucrières et céréalières et le bio diesel issu des huiles végétales, sont en colère. De même la principale fédération d'agriculteurs, le Copa-Cogeca, dont le secrétaire général Pekka Pesonen a dénoncé « un virage qui constitue une rupture de confiance inacceptable ». « Certains Etats ont déjà fait des plans qui dépassent la limite de 5 %. Cette proposition va mettre un terme brutal au développement du secteur et provoquer un ralentissement dans l'industrie des biocarburants et l'emploi dans les zones rurales », a-t-il affirmé.

Dans un entretien à l'AFP, le rapporteur spécial de l'Onu sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, a estimé que « l'Europe doit faire mieux que réviser à la baisse ses objectifs d'incorporation des agrocarburants comme elle s'apprête à le faire : elle doit avoir le courage politique de les abandonner et les Etats-Unis devraient faire de même ».

La proposition, en l'état, « ne va pas empêcher les biocarburants de faire monter les prix alimentaires et accélérer le changement climatique », juge l'Ong Les Amis de la Terre. Et elle n'empêchera pas le phénomène de "l'accaparement des terres" dont sont victimes les paysans pauvres des pays en développement, dénonce ActionAid. Selon la Banque mondiale, les agro-carburants représentent entre 21 % et un tiers des surfaces ainsi acquises dans les pays en développement.

Les mesures de la Commission ne sont pas à la hauteur
des enjeux alimentaires et climatiques selon Peuples solidaires

Selon Peuples solidaires, la Commission européenne « reconnaît enfin que le chemin dans lequel l'Union Européenne s'est engagée en soutenant les agrocarburants est une impasse. Mais elle continue de faire fausse route en proposant cette limite de 5 %, qui est supérieure à la consommation actuelle, alors que, pour empêcher les accaparements de terres et les crises de prix alimentaires, elle devrait tout simplement mettre fin à tout objectif de consommation d'agrocarburants industriels ».

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