Dans une coopérative d'ex-Rda, on voit la Pac comme un mal nécessaire

Dans une coopérative d'ex-Rda, on voit la Pac comme un mal nécessaire
Champs de colza
Première contributrice à la Pac, l'Allemagne en est aussi l'une des principales bénéficiaires avec plus
de 5,5 milliards d'euros reçus en 2011. (© Terre-net Média)
« Très critique », répète Hans-Dieter Gabel, quand on lui demande son avis sur la Politique agricole commune (Pac). « Cela représente beaucoup de bureaucratie, beaucoup d'efforts, de déposer toutes ces demandes chaque année », peste le président de la coopérative qu'il a co-fondée en 1991. Sur des terres restées sous mainmise de l'Etat pendant plus de 40 ans, il se fait un brin provocateur en affirmant qu'il pourrait préférer « ne plus avoir de fonds de Bruxelles », cette administration nébuleuse à 900 km du village de Pripsleben, en Mecklembourg-Poméranie antérieure (nord). « Alors on n'aurait ni obligation, ni contrôle », assène, derrière son bureau jonché de papiers, cet homme de 56 ans.

Mais en montrant l'étable, où 70 jeunes bovins attendent l'abattoir, les pâturages où déambulent leurs mères et le hangar qui abrite le blé récolté cet été, il admet que la Pac est « une source de sécurité » pour l'entreprise et ses salariés. Les 500.000 euros de subventions annuelles permettent de surmonter les années de mauvaise récolte, les périodes d'effondrement des prix de vente ou celles, comme actuellement, de cherté de l'énergie et des matières premières.

5,5 milliards d'euros versés à l'Allemagne

Première contributrice à la Pac, l'Allemagne en est aussi l'une des principales bénéficiaires avec plus de 5,5 milliards d'euros reçus en 2011, certes loin derrière les presque 9 milliards versés à la France. Pour la ministre allemande Ilse Aigner, supprimer les subventions n'est pas envisageable. Elles « assurent une compensation financière pour le niveau élevé de protection de l'environnement, de bien-être des animaux et de protection des consommateurs en Europe », déclarait-elle récemment. « Tout le monde dit que les gagnants de la politique agricole sont les agriculteurs mais ce n'est pas vrai. Les principaux bénéficiaires sont les consommateurs, car sans elle nous ne pourrions pas produire aussi bon marché », affirme Hans-Dieter Gabel.

Au moment de la Réunification, 27 personnes se sont regroupées pour créer la coopérative. Vingt ans plus tard, « nous ne sommes plus que huit propriétaires », raconte-t-il. Le paysage agricole allemand conserve les traces de la division du pays, avec de petites exploitations, généralement familiales, à l'Ouest et au Sud, et de gigantesques à l'Est. La coopérative Torney en est l'illustration, avec ses 1.300 hectares de blé, colza, orge, pommes de terres et betteraves sucrières, ses plus de 300 hectares de pâturage, ses centaines de vaches, veaux et plus de 2.000 cochons.

168 salariés à l'année

« Notre philosophie est de produire, transformer et vendre régionalement », met en avant Hans-Dieter Gabel. En plus des 18 salariés à l'année sur l'exploitation, la coopérative emploie 150 personnes dans sa filiale de boucherie-charcuterie qui approvisionne la région en saucissons, côtelettes etc. La location des toits des hangars pour des panneaux solaires et de parcelles de champs pour des éoliennes complète les revenus.

L'avenir apparaît flou alors que les Etats européens sont en pleine négociation sur la Pac pour la période 2014-2020. Certains veulent réduire le budget, d'autres mieux répartir les aides entre les pays. « Dans les deux cas, les transferts à l'agriculture allemande pourraient plutôt diminuer », relève Frank Offermann, expert des questions agricoles à l'Institut von Thünen. Les gros exploitants risquent d'y perdre beaucoup.

En cas de plafonnement des subventions par exploitation, « ça nous ferait 200.000 euros de moins », calcule Hans-Dieter  Gabel. En revanche, les agriculteurs allemands pourraient profiter de subventions liées à des mesures de protection de l'environnement, actuellement en discussion, estime Frank Offermann. Hans-Dieter Gabel n'y voit pourtant qu'une source supplémentaire de complication et de paperasse.

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