![]() Paul Rouaud, directeur Finances & Engagements au Crédit agricole d’Ille-et-Vilaine (© DR) |
Paul Rouaud (P.R) : « Les deux dispositifs sont bons pour l’agriculture. Entre les réserves de trésorerie et la possibilité dorénavant donnée aux éleveurs de passer en Dpi pour se constituer des stocks de fourrages, les agriculteurs sont mieux armés pour faire face aux crises et aux sécheresses. On peut cependant regretter qu’au-delà de 7 ans (contre 10 ans auparavant), les Dpa qui ne sont pas réintégrées fassent l’objet de pénalités. »
Tnm : « La fin des Dpi sur les biens amortissables ne va-t-elle pas avoir un impact sur l’acquisition et le renouvellement du parc matériel des exploitants ? »
P.R : « Les exploitants vont encore mieux raisonner leurs investissements puisque l’optimisation fiscale ne pourra plus être un objectif. De toute façon, les exploitants agricoles sont de mieux en mieux formés, ils sont conscients de l'enjeu de la maîtrise des coûts de mécanisation. Ils savent que la conjoncture ne leur permet plus de faire des écarts. »
Tnm : « Et pour l’activité bancaire, en quoi la fin des Dpi va modifier votre activité de financement ? »
P.R : « Il ne faut pas imaginer que nous étions des "pousses aux crimes". La Banque n'a aucun intérêt à inciter les agriculteurs à surinvestir. Ceci dit, il est probable que le changement de réglementation ait entrainé une anticipation des investissements sur la fin de l'année 2012, notamment dans un contexte favorable pour les producteurs de céréales. C’est pourquoi le nombre d’immatriculations de tracteurs neufs bat des records en 2012. »
Tmn : « Quelles seront dorénavant les alternatives envisageables aux Dpi sur les biens amortissables pour réduire les prélèvements sociaux ? »
P.R : « Même si il est trop tôt pour en mesurer l’impact, le crédit-bail reprend de l’intérêt. »
Tnm : « Comme les Dpi peuvent dorénavant financer des parts sociales de Cuma, n’assisterons-nous pas au développent de l’achat de matériels en collectif ? »
PR : « Oui et tant mieux. Tout ce qui peut encourager l'exploitant agricole à optimiser ses charges en les mutualisant est un facteur de rentabilité. Les Cuma sont bien gérées et plutôt saines financièrement. Chaque nouvelle acquisition suscite l’engagement de leurs adhérents sur un volume horaire d’utilisation.»