La crise et le secteur agricole

La crise et le secteur agricole
Stockage céréales
Si le commerce extérieur agroalimentaire français a opéré un redressement sensible par la suite, la modeste
croissance des flux de marchandises en 2012 pourrait être préjudiciable à la poursuite
des bonnes performances enregistrées l’an passé. (© Terre-net Média)
Il existe plusieurs canaux de transmission de la crise aux secteurs d’activité économique. En ce qui concerne l’agriculture, le premier a trait à la formation des prix agricoles. Les profils des taux de croissance ont des retombées sur les demandes de produits agricoles, et, par extension, sur l’ensemble des matières premières. La robustesse de la croissance en 2006 et 2007, associée à des mutations plus structurelles de certaines économies comme la Chine, ont exercé une pression à la hausse sur les prix agricoles. En sens inverse, la multiplication des récessions en 2008 et 2009 a occasionné une chute des demandes de produits de base, entraînant un net repli des prix agricoles, qui s’est répercuté sur le revenu des agriculteurs français et européens. La crise a par ailleurs exercé une pression sur la croissance des dépenses alimentaires des ménages, les secteurs des viandes ayant été très exposés.

Le second canal de transmission est le commerce mondial de marchandises. La violente contraction des taux de croissance dans les économies industrialisées, à laquelle s’est joint le ralentissement dans de nombreux pays émergents, a provoqué une forte contraction des échanges de marchandises, y compris des produits de base. Le commerce mondial a chuté en 2009 de 12 %, suivi d’une reprise en 2010 de + 13,8 %. En 2011, le rythme des échanges mondiaux a connu une hausse modeste de 5 %. Les prévisions récentes de l’Omc pour 2012 font état d’une croissance d’à peine 4 %. Faute d’une demande soutenue, le déséquilibre mondial entre l’offre et la demande s’est amplifié durant l’année 2009, débouchant sur un mouvement de baisse des prix agricoles. La France a ainsi subi un effondrement des échanges de produits agricoles et alimentaires durant l’année 2009, ce qui a engendré une nette correction de l’habituel excédent du commerce extérieur agroalimentaire (+ 5 milliards d’euros). Si le commerce extérieur agroalimentaire français a opéré un redressement sensible par la suite, la modeste croissance des flux de marchandises en 2012 pourrait être préjudiciable à la poursuite des bonnes performances enregistrées l’an passé.

La crise est un révélateur

L’activité agricole a pu également être affectée par la crise bancaire. L’exposition des banques au risque de la dette souveraine a conduit les établissements bancaires à ralentir les volumes de crédits accordés aux entreprises (ainsi qu’aux ménages), afin de sécuriser leurs liquidités. Cette évolution a été amplifiée par le blocage du marché interbancaire, les banques ne se prêtant plus entre elles de liquidités. En 2012, et malgré les deux interventions de la Banque centrale européenne – près 1 000 milliards d’euro injectés dans les circuits bancaires – les banques de la zone euro restent frileuses en matière de crédits bancaires. La crise a tout autant touché l’agriculture américaine. Le revenu agricole a en effet diminué de près de 40 % en 2009. Les secteurs de l’élevage ont été les plus affectés par la crise de 2008/2009, en raison de la baisse des cours des viandes et du coût resté élevé de l’aliment animal. L’excédent agroalimentaire américain a également subi les conséquences de la contraction des échanges mondiaux. Si l’amélioration a été régulière à partir de 2010, les estimations fournies par l’Usda pour l’année 2012 indiquent un nouvel épisode de ralentissement des résultats économiques de la branche agricole.

La crise actuelle agit comme un révélateur. Outre la mutation de la hiérarchie mondiale des nations, cette crise illustre bien en quoi un secteur comme l’agriculture est intégré dans les circuits économiques et dans la mondialisation. Sur le registre de la seule zone euro, la crise indique par surcroît en quoi la délicate question des dettes souveraines et des déficits publics hypothèque les conditions de formation du budget agricole pour la période 2014-2020, tout du moins certaines dépenses qui relèveraient de l’échelon national.

Si l’on ajoute enfin à la crise économique et financière certains aspects de la crise environnementale, à l’instar des sécheresses successives, le secteur agricole est bel et bien entré depuis 2008 dans une zone de turbulences et d’incertitudes, appelant à de nouvelles orientations en matière de politiques publiques.

Vous pouvez lire la version intégrale de cet article sur le site de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (Revue Chambres d’agriculture n°1013, juin 2012).

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