![]() « Le soutien par les prix (...) a incité les exploitations à augmenter les volumes produits à l'hectare », met en avant la Fnab. (© Terre-net Média) |
Depuis la réforme de 1992, cet argent est principalement versé sous forme d’aides directes à l’hectare. Le soutien par les prix a été très efficace pour développer la production agricole, ce qui était l’objectif. Mais, cela a poussé les exploitations à augmenter les volumes produits à l’hectare ; ce d’autant plus que les intrants dérivés du pétrole, indispensables, n’étaient pas très chers.
La réforme de 1992 n’a pas entraîné de changements fondamentaux puisque les aides directes ont été établies sur la base de rendements historiques. Leur niveau unitaire était d’autant plus élevé que les volumes produits à l’hectare étaient importants. Et c’est toujours le cas aujourd’hui.
Pour limiter les conséquences négatives de l’intensification, notamment sur l’environnement, un volet développement rural a été intégré à la Pac en 1992 ; ceci afin de financer des projets territoriaux et les mesures agro-environnementales qui ont vu le jour, parmi lesquelles les programmes d’aides à la conversion vers l’agriculture biologique.
![]() « Il ne sert à rien d'avancer des objectifs tonitruants si les moyens ne suivent pas », souligne Laurent Moinet, secrétaire national de la Fnab. (© Fnab) |
Une démarche militante
Ce mode de production s’est d’abord développé autour d’une démarche militante de rejet des excès du productivisme. Les incitations financières n’étaient donc pas le principal moteur des conversions. Aujourd’hui, parce que le vivier de militants s’épuise, mais aussi parce que les fermes sont plus grosses, la remise en cause des systèmes de production paraît plus risquée et les candidats à la conversion sont plus sensibles aux paramètres économiques.
Pour preuve : la vague de conversions de 2009-2010, due en grande partie aux crises successives des marchés céréaliers et laitiers. En 2011 et en 2012, avec la remontée des prix, alors que le montant des aides à la conversion et au maintien n’a pas bougé, le nombre de conversions a baissé.
Pâle verdissement
Par conséquent, il ne sert à rien d’avancer des objectifs tonitruants (tels que les 20 % de la Sau française en bio en 2020, annoncés lors du Grenelle de l’environnement), si les moyens ne suivent pas. Et les moyens, c’est la façon dont l’argent public est distribué.
Il y a deux ans, lorsque les premières discussions sur la réforme de la Pac ont démarré, il était question de changer fondamentalement la donne : les biens publics, comme les pratiques respectueuses de l’environnement, devaient être rémunérés par l’argent public. L’agriculture biologique s’inscrit tout à fait dans cette perspective.
Les propositions de la Commission européenne, aujourd’hui sur la table, et les discussions entre Etats membres, sont beaucoup plus mesurées. On parle certes de verdir la Pac et de mettre un terme aux références historiques pour les aides à l’hectare (Dpu).
Mais, nous craignons que le résultat final ne propose qu’un verdissement très pâle et la fin des références historiques en 2019, ce qui est bien trop tardif. Dans un tel contexte, on pourra mettre tous les plans bio que l’on veut, rien n’encouragera de nouveaux agriculteurs conventionnels à se convertir à l’agriculture biologique et l’objectif des 20 % de surfaces bio ne sera sûrement pas atteint en 2020.
Un geste fort s’impose
Il y donc les discours et il y a les actes. Tant que les soutiens publics seront octroyés majoritairement aux exploitations agricoles qui maximisent les volumes produits à l’hectare, les agriculteurs concernés se sentiront légitimés dans leurs pratiques. Et les discours en faveur d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement glisseront comme de l’eau sur une nappe cirée.
Pour que la Pac incite les agriculteurs à changer leurs pratiques, un geste fort s’impose : transférer de façon significative (20 %) l’argent public et les fonds professionnels vers ces systèmes. Concrètement, cela implique une mutualisation rapide des références historiques, la mise en place d’une composante verte exigeante et la réorientation des aides du deuxième pilier vers les modes de production réellement respectueux de l’environnement. L’agriculture biologique en est la forme la plus achevée. Tout le reste est littérature. »
Le million d’hectares bio dépassé en 2012 Du 1er janvier au 15 mai 2012, l’agence Bio a enregistré 811 producteurs bio supplémentaires. Ainsi, le seuil du million d’hectares engagés est dépassé. Fin 2011, la France comptait 23.135 fermes biologiques (4,5 % des exploitations agricoles du pays) sur 975.141 ha : 699.300 ha certifiés biologiques et 275.841 ha en conversion (28 % de la sole bio française). Après une année 2010 record, les surfaces bio ont connu une hausse de près de 130.000 ha en 2011 (+ 15,3 %) et représentaient en fin d’année plus de 3,5 % de la Sau nationale. 3,5 % de la Sau nationaleToujours selon l’agence Bio, la hausse des surfaces biologiques concernait toutes les productions, en particulier les légumes secs, les fruits et la vigne. Sur les 975.141 ha cultivés en bio en 2011, 65 % correspondaient à des surfaces fourragères ou toujours en herbe, 20 % à des grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux et légumes secs), 6 % à des vignes, 4 % à des vergers ou à des légumes frais et 5 % n’ont pas été affectés. Un tiers des exploitations biologiques françaises possédaient au moins un atelier d’élevage. Le nombre d’éleveurs bio, lui, a augmenté de 20 % par rapport à 2010. Toutes les filières animales ont progressé, avec des augmentations de cheptel de 9 à 31 %. Les plus fortes hausses ont été observées en poules pondeuses, bovins laitiers et caprins. Plus du quart des vaches laitières ou allaitantes sont en cours de conversion. Source : agence Bio (www.agencebio.org) |
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°19
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