Sergey Dimidzjiev n’est pas seulement venu au Salon international du machinisme agricole pour « faire son marché ». Offre et demande Agricole (Oda), la société de conseils et de commercialisation des grains, et son antenne d’Odessa (Ukraine) ont organisé pour le président de l’Association des agriculteurs de la région de Donetsk et les collègues qui l’ont accompagné, un séjour sur mesure pour découvrir l’organisation professionnelle des agriculteurs français. Et en particulier, pour les convaincre que la coopération « à l’occidentale » protège les agriculteurs à la tête d’exploitations de dimension humaine alors qu’elle a symbolisé pendant plus de 70 ans le collectivisme à l’époque soviétique.
En Ukraine, il est possible de signer des baux de 9 ans comme en France mais les contractants y ont rarement recours. Une solution serait d’acheter les terres mais les taux d’intérêts pratiqués par les banques rendent l’opération inenvisageable.
La pression des holdings
Une autre menace pèse sur les agriculteurs ukrainiens : des holdings font pression sur les petits propriétaires pour qu'ils acceptent de leur louer plus cher leur lopin, et cela aux dépens des agriculteurs familiaux à qui ils avaient confié la terre restituée après les démantèlements des Kolkhozes. Or, ces agriculteurs n’ont pas les moyens de s’aligner sur les tarifs proposés par les holdings à la tête de centaines de milliers d’hectares.
Au Sima, le président de l’Association des agriculteurs de la région de Donetsk et ses collèges ont rencontré les responsables de la Fncuma et d’autres organisations professionnelles. C’est aussi en visitant des fermes céréalières du Centre de la France que Sergey et ses collègues ont apprécié, sur le terrain, les différentes organisations d’associations d’agriculteurs qui existent en France (Cuma, coopératives d’approvisionnement et de collecte).
Ils veulent, ensemble, comprendre comment ils pourraient constituer une coopérative d’approvisionnement afin de pouvoir négocier l’achat d’instants en grande quantité à de meilleurs prix. Ils dégageraient ainsi des marges supplémentaires pour louer plus chères les terres que des centaines de petits propriétaires leur ont confiées, et ainsi assurer la pérennité de leurs exploitations face à la pression foncière des holdings.
S'unir pour bénéficier d'aides gouvernementales
C’est aussi en s’associant à plusieurs que Sergey et ses collègues bénéficieraient de certaines subventions de l’Etat ukrainien pour se développer et acquérir par exemple un troupeau de 500 vaches laitières et se lancer dans la production de lait. Seul, Sergey n’aurait aucune aide de son gouvernement.
Selon Sergey, les exploitations de 1.000 ha sont essentielles pour l’économie des villages puisqu'elles employent de nombreux salariés. Mais sans politique agricole telle que nous la concevons en Europe occidentale, elles sont livrées à elles-même et vouées à disparaître.
Et après une nouvelle année de sécheresse, ces exploitations familiales sont d’autant plus vulnérables face aux pressions exercées par les holdings que nombreuses d’entre elles n’ont pas les moyens de financer la nouvelle campagne céréalière.
Sergey n’est pas dans cette situation. Sa priorité est l’intensification de sa production et la sécurisation des rendements en adoptant de nouvelles techniques culturales. L’an passé, il s’est prémuni des déficits pluviométriques en ayant recours à l’azote liquide pour que l’engrais soit directement assimilable par la plante. Chez ses voisins, les granulés de nitrates ne se sont pas dilués faute de précipitations suffisantes.
Sergey est également à l’initiative de la création du premier club de marché Oda en Ukraine. Là encore, il souhaite que les agriculteurs de sa région puissent travailler en groupe, chaque mois, pour mieux comprendre les marchés et raisonner la commercialisation des grains avec l’appui des experts d’Oda Ukraine.