« L'issue de ce vote est très incertaine », a toutefois reconnu cette source impliquée dans ce dossier.
Les représentants des Etats se sont réunis jeudi matin au sein d'un comité d'experts à Bruxelles et le tour de table va permettre de connaître les positions des uns et des autres. Mais en tout état de cause, la Commission veut aller au vote vendredi, même si le résultat est négatif, pour « mettre les Etats face à leurs responsabilités ». Six pays Royaume-Uni, Espagne, Hongrie, Autriche, République Tchèque, Lituanie s'opposent ouvertement aux propositions de la Commission.
L'incertitude demeure sur la position de l'Allemagne, qui pèse 29 voix en cas de vote et sera déterminante pour constituer une minorité de blocage. Selon les dernières informations obtenues par l'Afp jeudi, son représentant devrait voter contre la proposition actuelle de la Commission.
La France pour une interdiction ciblée
La France, à l'origine des mesures proposées par Bruxelles, soutient en revanche une interdiction ciblée, a assuré le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Elle compte elle aussi pour 29 voix. Le Danemark et la Slovénie sont sur la même ligne, mais la balance penchait jeudi en faveur des adversaires de la proposition et la Commission va devoir « chercher une solution qui convienne à une majorité d'Etats », ont expliqué à l'Afp plusieurs sources proches du dossier.
La Commission européenne propose de suspendre pendant deux ans l'utilisation de trois néonicotinoïdes présents dans des produits phytosanitaires pour quatre types de cultures : le maïs, le colza, le tournesol et le coton. La Commission s'est fondée sur un avis très négatif rendu par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (Efsa).
Les trois néonicotinoïdes incriminés - chlothianidine, imidaclopride et thiaméthoxam - sont présents dans des produits phytosanitaires produits par les groupes allemand Bayer et suisse Syngenta, notamment le Cruiser Osr.
La France a retiré l'autorisation de mise sur le marché du Cruiser Osr utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son utilisation pour le maïs qui, bien que contestée, n'a pas été à ce stade définitivement bannie. L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des produits incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles et la Slovénie pour toutes les plantes.
Le moratoire proposé par la Commission vise à instituer une position européenne. Les apiculteurs le soutiennent. Plusieurs d'entre eux sont venus jeudi participer à un rassemblement organisé par l'Ong Avaaz devant les locaux du Parlement européen.
Les industriels contestent l'avis de l'Efsa. Bayer s'est dit « convaincu que les nouvelles conclusions de l'Efsa ne changent rien à la qualité et à la validité de (la précédente, Ndlr) évaluation des risques » tandis que Syngenta a dénoncé une « évaluation hâtive et insuffisante » prise « sous pression politique ».