La libéralisation de tous les échanges n'est pas au programme

La libéralisation de tous les échanges n'est pas au programme

Port de Rouen - Terminal sucrierPort de Rouen - Terminal sucrier (©Port de Rouen)« L’Union européenne ne doit pas être en position d’infériorité vis-à-vis des Etats-Unis pour négocier un accord de partenariat de commerce et d’investissement transatlantique ». Edouard Boursieu de la Commission européenne aborde avec enthousiasme l’ouverture des négociations commerciales entre les deux puissances économiques mondiales. Il portait ses propos alors qu’il participait à la conférence « Accord de libre-échange UE/Usa : quelles conséquences pour l’agriculture et la Pac ? », organisée par l’Afja  (1) le 4 juillet dernier où il n'y avait pas de farouches opposants parmi les participants à l'ouverture des frontières commerciales. Mais selon le représentant de la Commission, ce n’est pas seulement un accord qui est en jeu d'ici 2015, mais la relance durable de l’économie des deux puissances économiques de la planète. Même si certains experts soulignent la faiblesse des gains escomptés (0,5 % à 1 % par an).

Ceci dit, un prochain accord UE/Etats-Unis, pourrait dans la foulée, en entraîner de nouveaux avec d’autres pays qui veulent d’ores et déjà que l’Europe soit leur premier partenaire commercial par exemple. Il relancerait aussi le bilatéralisme ou le multilatéralisme et constituerait les fondements d'une nouvelle organisation mondiale du commerce qui ne serait pas centrée sur la Chine.

Reconsidérer les barrières tarifaires et non tarifaires

En fait, les économistes sont unanimes pour déclarer que la sortie durable de la crise économique de l’Union et des Etats-Unis passera par l’essor des échanges commerciaux mondiaux afin de profiter de la croissance des pays émergents. C’est pourquoi les prochaines négociations entre les deux puissances économiques mondiales viseront à reconsidérer les barrières tarifaires (et surtout les pics sur certains produits) et non tarifaires sans renoncer aux exigences collectives (pas d'importations de produits Ogm pour l’Union et respect des Indications géographiques protégées par exemple).

« Mais l’idée n’est pas de libéraliser les échanges de tous les produits. Les produits sensibles resteront protégés pour préserver des filières », assure Philippe Vinon du ministère de l’Agriculture. L’expérience du passé a montré que le "tout libéral" n’était pas systématiquement source de croissance.

Pour toutes les raisons évoquées, « l’Union européenne doit aborder cette nouvelle phase de négociations ouvertes ce 8 juillet en évitant d’être sur la défensive car elle a beaucoup à gagner », soutient Edouard Boursieu.

Un contexte différent

A la différence des autres périodes de négociations entamées dans le passé, l’agriculture européenne n’a aucune raison d’être sacrifiée. Tout d’abord parce que la planète n’est plus en situation d’excédents agricoles comme dans les années 1980 et 1990.

Ces négociations en vue de libéraliser les échanges s’inscrivent dans un contexte tout à fait différent : les prix des produits agricoles sont durablement élevés malgré leur volatilité et la croissance des échanges commerciaux de produits agricoles sera encouragée par l’essor de la demande des pays émergents. Et surtout aucune région de la planète n’est en mesure de nourrir le monde. Aussi, toutes les conditions sont réunies pour que l’Union, et la France en particulier, mais aussi les Etats-Unis produisent plus sans étouffer le développement des agricultures paysannes dans les pays émergents.

Ensuite, les négociations commerciales ne portent pas sur les politiques agricoles des deux régions. L’agriculture européenne est même moins soutenue que celle des Etats-Unis. Et enfin, c’est l’Union européenne et la France en particulier qui dégagent un excédent commercial depuis des années avec les Etats-Unis sur les produits transformés tandis que la première puissance économique mondiale est concurrencée sur les marchés des matières premières agricoles par les pays de la Mer noire ou encore par l’Amérique du Sud. Ils ont perdu plusieurs points de part de marché. Et la première région mondiale importatrice de céréales regroupe les pays du bassin méditerranéen, aux portes de l’Union européenne. Ce qui place l’Union européenne en première ligne !

Autrement dit les Etats-Unis ne sont plus invincibles sur les marchés mondiaux agricoles.

Mais cet optimisme affiché par la Commission européenne n’est pas partagé par de nombreux agriculteurs et certains fins connaisseurs de la situation de l’agriculture française et européenne.

Lire la deuxième partie de l'article : "La Pac en position de faiblesse face au Farm bill".

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