Login

Campagne 2014/2015 La messe est dite !

Quel bilan pour les moissons ? La récolte de blé est abondante mais la conjonction de facteurs défavorables assombrit le tableau pour les céréaliers français. Avec quelles conséquences financières en perspective ?

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Récolte de blé en Ukraine. (©Terre-net Média)

Plus de 45 % des participants au dernier sondage en ligne de Terre-net Média, déclarent des rendements en blé supérieurs à 80 q/ha. Ces résultats s’inscrivent dans la tendance observée au niveau national.

« Avec des apports d’azote réalisés dans de bonnes conditions et bien valorisés en général, et grâce à des conditions climatiques dans l’ensemble favorables au moment de la montaison et du remplissage des grains, les rendements sont bons, à 75 q/ha en moyenne nationale soit 1 q/ha de mieux qu’en 2013 et 2 q/ha de plus que la moyenne quinquennale (72.9 q/ha) », note justement FranceAgriMer dans un communiqué paru le 12 août dernier. Cependant, le Sud-Ouest affiche des moyennes de 55 q/ha.

Toutefois, même les agriculteurs qui dégagent les meilleurs rendements de l’année ne peuvent être satisfaits de leur situation. Tout d’abord parce que la récolte précoce a été nettement « retardée par une fin de cycle fraîche, puis par des périodes humides au moment où les moissonneuses-batteuses s’apprêtaient à entrer dans les champs », ajoute FranceAgriMer.

des décotes à prévoir

Ensuite, la qualité des céréales à paille est si hétérogène (1/3 de la récolte de blé est déclassé selon Agritel) que des rumeurs insistantes sous-entendent qu’il sera difficile d’approvisionner l’ensemble des débouchés avec des blés de qualité répondant au niveau d’exigence de chacune des filières de transformation. Ce qui conduirait inévitablement à une décote jusqu'à 40 €/t des prix des blés livrés ; une décote injustifiée, selon Xavier Beulin, président de la Fnsea. Or les cours sont déjà inférieurs de près de « 25 % à leur niveau de 2013 » selon l’Agpb et surtout de 50 points à leur sommet de fin 2012. Ils ont déjà intégré la nouvelle conjoncture des marchés.

La question de la qualité des blés produits en France ne se poserait pas dans les mêmes termes si la production mondiale n’était pas cette année aussi abondante. Selon le rapport mensuel publié par le ministère américain de l'Agriculture (Usda), elle « pourrait atteindre, pour 2014/2015, le chiffre record de 716 millions de tonnes (Mt), soit 11 millions de plus que lors des précédentes estimations le mois dernier ». Le département américain prévoit même de « bonnes récoltes en Russie (revues en hausse de + 6 Mt, à 59 Mt) et en Ukraine (+ 1 Mt) ». Les dernières remontées des moissons « font état de très hauts rendements, spécialement en Russie ».

La planète ne manquerait pas non plus de maïs durant la campagne. La production mondiale, revue à la hausse de près de 5 millions de tonnes, atteindrait 985 millions de tonnes principalement en raison des bonnes récoltes prévues surtout aux Etats-Unis (356 Mt prévues) mais aussi en Europe (67 Mt). Aussi, les grains récoltés concurrenceront les blés de qualité fourragère pour la fabrication d’aliments.

Des prix bas et des aides en baisse comme en 2009/2010

Dans ces conditions, les stocks mondiaux en fin de campagne seraient plus élevés et contribueraient à maintenir durablement les prix mondiaux à leur niveau actuel, au mieux. Les seules inconnues de cette campagne sont les conditions climatiques dans l'hémisphère sud et le niveau des récoltes de blé, d'orge et de maïs engrangées dans six mois. 

Cette année, la conjoncture de prix tombe d’autant plus mal que les céréaliers français doivent s’attendre à recevoir des aides Pac en recul d’au moins 10 % par rapport au montant payé en 2013 en raison des différents rabotages décidés ces derniers mois (avant la mise en oeuvre de la convergence en 2015). Les raisons de cette baisse sont, rappelons-le, la baisse du budget de la Pac et les différents transferts opérés du premier au second pilier. Par ailleurs, à l’hectare, leur base de calcul change puisque leurs montants reposeront sur la nouvelle surface éligible de chaque exploitation, à enveloppe constante. Autrement dit, les nouveaux hectares éligibles ne se voient pas attribuer de droits de paiement supplémentaires.  

« Les producteurs de grains passent aux yeux de leur ministère pour les nantis de l'agriculture. En réalité, ils vont voir cette année leurs résultats économiques se dégrader une fois de plus après la dégringolade de 2013 (baisse de 56 % de leur revenu par rapport à la moyenne des trois années antérieures !), y compris même dans les quelques régions avantagées par une climatologie ou des sols favorables », explique la Coordination rurale et l’Opg, sa branche céréalière.

La situation actuelle ressemble à celle de 2009/2010 lors de la mise en place du bilan de santé. Mais dès juin 2010, les céréaliers avaient eu les moyens de compenser les conséquences du bilan de santé de la Pac grâce au retournement spectaculaire de la conjoncture mondiale des marchés des céréales, suite à la sécheresse en Russie.

L’histoire ne se réprète pas. Mais à ce jour, ces mêmes marchés redoutent les conséquences d'une aggravation du conflit russo-ukrainien!

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement