
« Même à la campagne, les citoyens connaissent de moins en moins le monde agricole.
Je suis installée près de Châteaubriant, petite ville de 12.000 habitants. Les personnes que j’accueille au gîte me posent parfois des questions très surprenantes. Récemment, l’une d’elle m’a demandé pourquoi une vache produisait du lait. A l’inverse, une autre m’a interrogée de façon très précise sur mes capacités de stockage d’effluents, parce qu’elle avait entendu parler, dans les médias, de la nouvelle réglementation en vigueur.
Je suis toujours très déstabilisée lorsque je me rends au Salon de l’agriculture. L’agriculture y est présentée, grâce à des messages quelquefois racoleurs, comme un modèle agro-industriel très édulcoré. Or ce modèle, destructeur d’emplois, est aux antipodes d’une agriculture familiale qui fait vivre les territoires.
Il y a pourtant urgence à montrer l’envers du décor, notamment que les orientations politiques actuelles vont industrialiser notre agriculture, en la rendant plus dépendante des capitaux extérieurs. Ce qui va inévitablement nuire à la diversité et la qualité de nos productions, et donc à notre savoir-faire. Si le grand public n’est pas sensibilisé à cette évolution, le décalage entre sa perception de notre profession et la réalité s’accentuera. Les agriculteurs sont capables d’expliquer en quoi consiste réellement leur métier. Mais tous ne font pas des efforts. »