« Bolloré voleur, actionnaires complices », scandaient depuis avant 8h les manifestants, militants de diverses ONG ou de la Confédération paysanne, alors qu'arrivaient, à pied ou en navette électrique, des dizaines d'actionnaires du groupe.
Dans une ambiance parfois tendue, émaillée de bousculades avec police et actionnaires, une chaîne d'une cinquantaine de militants a notamment bloqué pendant plus d'une heure les abords de la tour Bolloré et l'entrée de son parking, une vingtaine d'autres militants se trouvant devant la porte d'entrée de l'immeuble.
La Socfin, holding luxembourgeoise dont le capital est détenu à 39 % par Bolloré, possède des plantations de palmiers à huile et d'hévéas dans plusieurs pays africains - RDC, Liberia, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sierra Leone... - ainsi qu'en Indonésie et au Cambodge.
Les militants, coordonnés par l'ONG française ReAct sur demande de l'Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré, dénoncent « les expansions continues » de ces plantations, « le plus souvent au détriment des communautés locales »
« Bolloré, qui avait accepté le dialogue en 2013, ferme aujourd'hui la porte et se retranche derrière son statut d'actionnaire minoritaire de la Socfin », a expliqué à l'AFP Marielle Benchehboune, une porte-parole de ReAct. « L'idée, c'est d'obtenir un engagement du groupe à rouvrir la discussion, une rencontre en 2016 avec des représentants des riverains », a-t-elle ajouté.
« Pas de bénéfices sans responsabilités », « Propriété palmée », pouvait-on lire sur des banderoles. « Les paysans privés de leurs terres ont une question : actionnaire as-tu du coeur ? » Dans un tract distribué aux actionnaires, l'Alliance des riverains demande le « respect » de « l'espace vital nécessaire aux cultures vivrières pour les villages » et des représentants des communautés locales, « parfois emprisonnés suite à des plaintes de l'entreprise ».
Selon ReAct, des actions de protestation sont organisées depuis mercredi dans les plantations « au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Liberia et en Sierra Leone ».
Le groupe Bolloré a minimisé la pertinence de cette mobilisation. « Cette manifestation est une recherche de spectaculaire qui était inappropriée car le groupe Bolloré est un actionnaire minoritaire, non gestionnaire de la Socfin », a indiqué un porte-parole à l'AFP. Les assemblées générales des différentes entreprises dirigées par Vincent Bolloré se sont déroulées selon le programme, selon ce porte-parole.
Les actifs agricoles de Bolloré, groupe diversifié surtout présent dans la logistique, le transport de carburant et la communication, ne représentent qu'une goutte d'eau dans son chiffre d'affaires, de l'ordre de 0,3 % au premier trimestre 2016.