Des scientifiques se penchent sur les "sautes de feu"

Un programme européen (SALTUS) mis en place en 1998 par le Cemagref, un centre public de recherche sur l'environnement, pour gérer ce phénomène moins connu en Europe qu'aux Etats Unis ou en Australie, devrait permettre désormais de le prendre en compte dans les stratégies de prévention et de lutte contre le fléau.

On compte en France pas moins de 6 000 départs de feux par an. Ils sont bien maîtrisés si les conditions météorologiques sont favorables, mais il suffit que le vent souffle violemment, que le terrain soit très escarpé et que l'incendie soit déjà étendu pour que la situation se renverse. Les sautes de feux en avant du front de flammes sont alors fréquentes, mettant en danger les pompiers et favorisant l'éclosion de foyers secondaires.

Sous la direction de Pierre-Yves Colin, du Cemagref à Aix-en-Provence, dix équipes françaises, espagnoles, portugaises, italiennes et grecques ont collaboré pour étudier ces sautes de feux et les mécanismes mis en jeu, et pour développer des modèles de prévision.

Un tiers des sautes de feu sont supérieures à 100m, les plus longues dépassent 2000 mètres. Des débris calcinés mais éteints ont été retrouvés jusqu'à 17 km d'un incendie au Portugal. "Nous avons étudié 245 incendies éteints dans 5 pays d'Europe", explique Pierre-Yves Colin à l'AFP. "L'approche statistique a permis d'élaborer un modèle que testent actuellement des forestiers sardes. Par ailleurs poursuit-il, nous avons travaillé à des modèles plus théoriques fondés sur la simulation du transport des particules, l'expérimentation en laboratoire et le suivi de 48 feux en cours. L'analyse des feux éteints a aussi permis de construire un modèle probabiliste de prévision des sautes qui sera mis à la disposition des services de la sécurité".