Au nom de l'environnement, des agriculteurs mènent la guerre des poubelles

A Briec, les autorités ont décidé d'exporter leurs déchets en Mayenne à raison de quelque 30.000 euros par jour. A Brest, où se trouve l'autre principal incinérateur du département, la communauté urbaine a refusé cette "fuite en avant". Les citoyens ont conservé leurs poubelles pleines comme ils pouvaient mais la situation devient critique.

Restaurateurs et grands ensembles collectifs n'ont pu tenir longtemps et les services de la ville ont dû trouver des sites de stockages provisoires.

La société qui gère l'incinérateur, la Sotraval, a dû mettre ses employés (42) au chômage technique, comme ses sous-traitants et une grande partie du personnel chargé de la collecte. Faute de matière première, les fours de l'incinérateur risquent d'être arrêtés et ne pourront plus alimenter les hôpitaux et l'université en eau chaude.

Les agriculteurs demandent que le lisier (déjections animales, notamment porcines) en excédent dans de très nombreux cantons et principalement responsables de la pollution de l'eau par les nitrates, soit traité dans des stations collectives comme les déchets urbains. Ils réclament un rendez-vous avec le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, sinon rien. Le coût de leur action, 35.000 euros par jour uniquement pour la Sotraval, c'est le contribuable qui l'assumera, a déploré le maire de Brest et président de la CUB, François Cuillandre.

La FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) et les Jeunes Agriculteurs (JA) fustigent les pouvoirs publics, expliquent leurs "efforts" pour rendre leurs pratiques agricoles "plus écologiques" mais estiment que les plus petites exploitations ne peuvent assumer le coût d'un traitement individuel du lisier en excédent.

Le blocus intervient dans un contexte opportun: le préfet du Finistère, Thierry Klinger, qui a pris au mois d'août un arrêté renforçant les mesures anti-nitrates, doit décider dans les prochains jours de donner ou non son aval à un projet d'usine de traitement de lisier classée Seveso à Milizac près de Brest qui a suscité une levée de boucliers dans le département et contre lequel s'est déjà prononcé le conseil départemental d'hygiène (CDH).

Plusieurs autres projets existent mais sont également remis en cause. Une diminution des élevages, une meilleure répartition ou d'autres alternatives, les agriculteurs ne veulent pas en entendre parler, déplore l'association écologiste Eau et Rivières.

Jacques Jaouen, président FDSEA de la chambre de l'agriculture, dénonce "l'accusation permanente", le "refus de trouver des solutions", "les dossiers administratifs en souffrance" et la réglementation qui "change tout le temps". Toutefois, bon nombre d'opposants au traitement collectif du lisier refusent une solution qui incitera les agriculteurs à produire encore plus, sapant tous les programmes de reconquête de la qualité de l'eau et le retour à un modèle agricole breton équilibré et viable, fondé sur la qualité et non sur la quantité.

Selon la chambre d'agriculture, le traitement du lisier concerne essentiellement les grosses exploitations, entre 600 et 700 sur environ 5.000 au total, possédant des élevages allant jusqu'à 350 truies (11.000 gorets) et des structures plus petites pratiquant une production très intensive sur peu de surface.


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