Une étude comparative sur 360 fumeurs dont la moitié prenant la molécule, le rimonabant, et l'autre un placebo, montre qu'au bout d'un mois ceux qui avaient pris le traitement n'avait pas grossi, mais plutôt perdu en moyenne 1,2 kg, tandis que les fumeurs avaient en moyenne pris un peu plus d'un kilo, selon la firme.
"Des essais cliniques plus larges concernant 5.500 fumeurs ont commencé et les résultats sont attendus pour 2004. Et, si tout va bien, la firme prévoit de déposer aux Etats-Unis une demande d'autorisation de commercialisation en 2005", précise à l'AFP le Dr Marc Cluzel, directeur scientifique à Sanofi-Synthelabo.
"Parmi les 360 fumeurs, 30 % de ceux qui prenaient du rimonabant avaient arrêté au bout d'un mois contre 14,8% de ceux sous placebo. Mais il s'agit d'une période courte. Les résultats doivent porter sur deux ans pour évaluer sérieusement la proportion de sevrage durable obtenue", explique-t-il.
Par ailleurs, le rimonabant est testé (molécule contre placebo) dans le cadre de l'obésité. Ces essais, commencés l'an dernier, portent sur un peu plus de 6.000 patients.
"Au total, plus de 11.000 personnes participent à ces essais comparatifs dits de phase 3", calcule-t-il.
La molécule a été développée au départ pour le traitement de l'obésité, avant d'envisager son potentiel en matière de tabagisme.
Le cannabis (ou marijuana) stimulant l'appétit, les chercheurs avaient en effet postulé qu'un anti-cannabis pourrait avoir l'effet inverse. Ils ont ainsi montré que "le rimonabant permet de diminuer la consommation de graisse et de sucre (apports fortement caloriques) chez l'animal et l'homme", selon le Dr Cluzel.
"Il ne s'agit pas d'une substance de type amphétamine", précise-t-il. Le rimonabant (nom de code: SR 141716) bloque un récepteur avec lequel le cannabis interfère au niveau du cerveau, le récepteur cannabinoïde central dit "CB1".
Ses effets positifs sur la dépendance à l'alcool explorée sur des rats devraient faire prochainement l'objet de tests sur les humains, selon lui.
Le portefeuille du laboratoire comporte d'autres molécules, également à un stade avancé des essais cliniques: le dronedarone, contre les troubles du rythme cardiaque et la tirapazamine visant le traitement de la forme la plus fréquente de cancer du poumon.
"Le tabac tue environ 4,2 millions de personnes chaque année et constitue la plus importante cause de décès dans le monde qui peut être évitée", selon l'OMS. |