Samedi, les premiers vendangeurs sont arrivés notamment dans les vignobles de Saint-Etienne-les-Oullières ou Blacé, au coeur du vignoble, là où la maturité des grappes de gamay noir à jus blanc est la plus avancée, selon l'UIVB.
Sous un ciel couvert où le soleil n'a percé que dans l'après-midi, les vendangeurs formaient çà et là des troupes hétérogènes : routards, retraités, étudiants, jeunes étrangers venus d'Espagne, du Royaume-Uni ou de Pologne...
Quelque 150 candidats venus sans contrat s'étaient présentés vendredi dans l'une des antennes établies par l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), dans les gares de Villefrance-sur-Saône (Rhône) et de Belleville. Ils sont venus compléter les troupes d'une quinzaine de viticulteurs.
Près de 40.000 personnes au total vont prêter main forte pendant trois semaines aux 3.619 exploitations viticoles. Avec la Champagne, le Beaujolais est le seul vignoble français, où la récolte manuelle est obligatoire.
Contrairement aux années précédentes, le manque de main d'oeuvre n'est pas à déplorer "pour le moment", selon la responsable des vendanges à l'ANPE de Belleville (Rhône), Bernadette Dagonnet.
Les viticulteurs manquent toutefois de filles - quelques centaines environ - pour des questions d'organisation des dortoirs, mais aussi pour "équilibrer les troupes de vendangeurs", a-t-elle précisé.
Cette année, les salaires ont également augmenté d'environ 20 %, soit un total de 43,80 euros pour huit heures de travail par jour, gîte et couvert inclus. La responsable a ajouté avoir reçu quelques appels de fonctionnaires souhaitant bénéficier du contrat vendanges adopté l'hiver dernier. Ce contrat autorise des salariés et des fonctionnaires en congés payés à faire les vendanges en étant exonérés des cotisations sociales, ce qui représente un gain de 20 % de salaire net.
Après quelques heures de récolte, Alain Guaidon, viticulteur au château de Bussy, s'est montré inquiet du nombre de grappes pourries par les pluies des dernières semaines. "S'il pleut encore dans les prochains jours, il faudra terminer vite", a-t-il expliqué.
La récolte 2002 s'annonce équivalente à celle de 2001, soit plus de 1.250.000 hl (170 millions de bouteilles), répartis dans les trois familles des AOC beaujolaises : Beaujolais, Beaujolais Villages, crus du Beaujolais sur 22.500 ha de vignes. Seuls les Beaujolais et Beaujolais Villages peuvent être commercialisés en Beaujolais nouveau, à partir du 3e jeudi de novembre.
L'interprofession du Beaujolais a adopté, fin juin, pour faire face à la situation un plan d'urgence, prévoyant de déclasser ou de distiller 100.000 hl de vins d'appellation. Ce plan, dont le coût est évalué à 7 millions d'euros, n'a pas encore été approuvé par le ministère de l'Agriculture, mais l'Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais (UIVB) a néanmoins commencé à le mettre en oeuvre, en utilisant ses propres fonds.
D'ici au 15 septembre quelque 115.000 hl de vin du Beaujolais auront été "repérés à la dégustation, retirés des caves et stockés", a indiqué le président de l'UIVB, Maurice Large, ajoutant qu'aucune décision n'avait pour l'heure été prise concernant leur devenir. |