Deux jours après les inondations, il était cependant toujours difficile d'évaluer la gravité des dégâts et les conséquences sur la production viticole. "La seule certitude est que la production sera inévitablement touchée, mais on ne peut évidemment pas encore le chiffrer", a précisé la DDA du Gard, un département qui produit près de 4,3 millions d'hectolitres par an.
"On n'est pas encore capable d'évaluer financièrement les besoins, c'est encore trop tôt. Mais on sait de toutes manières que l'on aura besoin d'argent", résumait Dominique Chardon, président de la FRSEA du Languedoc-Roussillon. Les vignerons coopérateurs du Gard ont d'ores et déjà réclamé une intervention urgente de l'union européenne.
Les domaines qui se trouvent dans les vallées du Gardon, du Vistre et du Rhône ont été les plus touchés, selon M. Chardon. Dans le Gard, près de 4O% des vignes, soit 30.000 hectares, sont "concernées", la situation étant un peu moins alarmante dans le Vaucluse avec 10.000 hectares inondés
"On ne peut pas dire que le vignoble du Gard soit complètement dévasté, mais par endroit, c'est apocalyptique", a précisé M. Chardon. L'action combinée du soleil et du vent, qui a soufflé ces deux derniers jours dans le Sud-Est, a permis d'assécher une partie des récoltes mais de nombreux domaines restaient encore inondés ou inaccessibles en raison du mauvais état des routes et chemins.
"C'est vrai que la météo est avec nous, mais le problème reste l'accessibilité aux vignes. On nous dit d'attendre les experts avant de réparer les routes pour faire passer nos tracteurs, mais on ne peut pas se le permettre, on doit récolter", expliquait Didier Mayard, exploitant à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse).
Autre dilemme pour les viticulteurs : avancer ou reculer la date des vendanges. "Il y a deux écoles, explique M. Mayard, soit attendre que le raisin sèche avec le risque qu'une prochaine averse perce les grains et pourrisse les grappes, soit récolter le plus vite possible, mais vu les prévisions, je préfère récolter".
Météo France prévoit une reprise des activités orageuses dans le Sud-Est pour les prochains jours. Selon le président d'Inter-Rhône, qui regroupe les viticulteurs de la zone, les vignerons de la vallée du Rhône ont été autorisés à chaptaliser les vendanges (ajout de sucre, dans quelques cas et sous contrôle, afin de gagner un demi à un degré d'alcool supplémentaire), une pratique habituellement interdite.
"Attendre encore que le raisin atteigne sur pied sa maturité alcoolique lui ferait prendre un risque sanitaire", a indiqué M. Bernard, précisant qu'en revanche, les vignes "limonées" (ayant trempé dans la boue) ne seraient pas vinifiées. |
