Des vendanges au goût particulier pour dix Sud-Africains

Né de la volonté commune d'un préfet français et d'un ambassadeur d'Afrique du Sud qui en ont eu l'idée en 2000, ce projet de coopération bilatérale a abouti un an plus tard avec l'arrivée de dix stagiaires en provenance de communautés défavorisées dépendant de grands domaines viticoles.

Cette année dix nouveaux stagiaires, neuf hommes et une femme âgés de 21 à 41 ans ont foulé pour la première fois le sol européen. Sous l'égide du Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Beaune, ils suivent des cours sur la Bourgogne, ses cépages, ses nombreuses appellations. Puis, en pleines vendanges, ils sont "immergés" dans des domaines familiaux bourguignons, en Côte de Beaune et en Côte de Nuits.

Monty Moses Memani, 26 ans, caviste dans une cuverie à Cape Town, vit pendant trois semaines au rythme du domaine de Damien Gachot, à Corgoloin (Côte-d'Or), où sont exploités neuf hectares et demi en appellation Côte de Nuits village. "C'est un vendangeur de plus", note Damien Gachot, qui dialogue avec son stagiaire africain en anglais. Monty est allé cueillir le raisin. Il a aussi montré son expérience en cuverie en pratiquant le pigeage, l'opération qui consiste à écraser les raisins pour en extraire le jus et favoriser la macération.

"Je me sens comme chez moi ici", explique Monty, qui a surmonté ses peurs des premiers jours. "C'est très différent de la manière de travailler en Afrique du Sud", indique-t-il.

Laurent Martalet, directeur du CFPPA, a eu vent de critiques, car certains s'étonnent qu'on accueille "l'ennemi" en Bourgogne. Sous-entendu : ces Sud-Africains qui menacent les positions françaises sur le marché mondial du vin. Le directeur du CFPPA ne s'en émeut pas et se souvient que ce sont des viticulteurs français du Val de Loire qui ont introduit la vigne en Afrique du Sud après la révocation de l'Edit de Nantes. Pour lui, le principal objectif est de permettre aux stagiaires, une fois revenus dans leur pays, de progresser socialement. "La viticulture n'est qu'un support, on aurait pu faire cela dans la maçonnerie", remarque-t-il.

Les dix Sud-Africains de l'année dernière ont largement profité de leur séjour français. "Soit ils ont évolué dans leurs entreprises, en se voyant confier un domaine ou en devenant manager, soit ils ont progressé au niveau du salaire", affirme M. Martalet.

Le projet a également permis la création en Afrique du Sud d'une école de formation viticole pour les salariés issus des communautés défavorisées, en janvier dernier à Stellenbosch. Cette école, la Vineyard Academy, est hébergée actuellement par le South African Wine Industry Trust (SAWIT), partenaire de la coopération bilatérale.

Les promoteurs du projet espèrent aussi que certains des stagiaires deviendront des "leaders" au sein de leurs communautés et pourront bénéficier du programme de redistribution des terres.


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