Levée de l'embargo : les éleveurs du Massif central résignés

"C'est l'Europe, on est bien dans le marché commun, alors si leur viande est correcte, pourquoi pas?", avance, fataliste, Roger Dayral, 71 ans, éleveur de Salers dans le Cantal. Ses vaches, dit-il, ne mangent que de l'herbe et, en hiver, de l'orge avec du maïs et du foin. Il est venu avec Rouge, 2 ans, mère d'un veau qu'il a vendu plus de 3.000 euros.
"Cela devait bien arriver un jour mais j'aimerais bien que la viande britannique soit vraiment identifiable, que l'on soit sûr de sa traçabilité", dit Pascal Mye, installé dans le Livradois et venu présenter Pompon, un taureau charolais de 1.350 kilos au 1er rendez-vous européen de la viande bovine qui se tient de jeudi à samedi près de Clermont-Ferrand. "Il y a et il y aura toujours des gens qui trichent", regrette-t-il.
Pour Patrice Théron, éleveur de vaches de race Aubrac en Aveyron, "les consommateurs commençaient à reprendre confiance". "Cela va maintenant les faire douter, vu la psychose qu'avait engendrée la crise de la vache folle". "On risque une baisse de la consommation car les gens ne sauront pas s'ils achètent de la viande française ou anglaise", poursuit-il : "nous on fait de la qualité mais ce qui les intéresse, c'est d'acheter de la viande pas chère".
"Nous les éleveurs, nous sommes les dindons de la farce", affirme Gérard Soignet, en brossant ses trois Blondes d'Aquitaine élevées dans le Lot. "La viande de label, c'est 20% seulement de la consommation : les gens veulent de la qualité mais ne sont pas prêts à en payer le prix", regrette-t-il.
"Le kilo de Blonde d'Aquitaine, le nec plus ultra, on le vend 20-22 francs, contre 12-15 francs (quelque 2 euros) le kilo de vache laitière : on n'est pas encouragé pour la qualité qu'on fournit", dit-il.
"L'embargo ne pouvait plus tenir", reconnaît Laurent Delage, éleveur corrézien de Limousines mais, continue-t-il, "on regorge déjà de vaches de réforme, ce qu'on appelle du boeuf, maintenant on redoute une nouvelle chute des prix".
"Le consommateur ne fait pas la différence entre la viande de race laitière et allaitante, pourquoi ferait-il la différence entre le boeuf français et britannique?", se demande Sébastien Cluzel, 27 ans, au salon avec Précieuse, une génisse charolaise pleine de 30 mois. "Le problème aujourd'hui, c'est que la viande est devenue un sous-produit du lait, les éleveurs de qualité comme nous, on crève à côté", affirme-t-il.
"J'espère qu'ils sont aussi stricts en Grande-Bretagne qu'on nous impose de l'être en France", poursuit le jeune homme qui élève 70 vaches dans le Puy-de-Dôme.
Certains sont toutefois un tout petit peu plus optimistes, comme Jean-Marc Michaud, qui élève 110 Charolais dans l'Allier : "les Anglais ne peuvent plus exporter beaucoup, car ils n'ont plus de viande". "Il va falloir qu'ils se refassent un cheptel et vont donc importer, on pourra leur vendre des reproducteurs", espère-t-il.


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