Comment mobiliser des citoyens bien nourris contre la faim

"Les gens réagissent fortement aux campagnes lancées lors de graves crises humanitaires, mais lorsqu'on veut leur expliquer pourquoi 600 millions de paysans n'arrivent même pas à nourrir leur famille avec leur production, c'est moins facile, parce qu'on joue moins sur l'émotion", explique Jean-Louis Vielajus, délégué général du Comité français pour la solidarité internationale (CFSI).

C'est ce Comité qui est à l'initiative de cette manifestation, qui se tient jusqu'au 20 octobre à Paris-La Villette et dans 15 villes de France.

Il y aura donc jusqu'à dimanche des rencontres avec écoliers et collégiens, des débats avec des producteurs du Sud et des militants de terrain, des expositions, des goûters "solidaires" et des marchés de produits "équitables", sur fonds de musiques d'ailleurs, pour démontrer que la production agricole mondiale peut assurer une nourriture "saine et suffisante" à tout le monde.

Il s'agit d'expliquer, si possible de façon ludique et en tout cas limpide, que les terres s'appauvrissent, l'eau s'épuise, les crédits sont inaccessibles lorsqu'on a une exploitation d'1,5 hectare pour nourrir six à huit personnes.

Raconter aussi les Etats étranglés par de lourds programmes d'ajustements structurels imposés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et les prix des produits de base calculés sur ceux des surproductions subventionnées américaines et européennes.

Adrian Civissi, universitaire et fondateur du Centre d'études rurales de Tirana, explique ainsi comment les agrumes de Grèce du Nord, soutenus par l'Union européenne, arrivent à la frontière albanaise à des prix imbattables. Mais cela attise aussi son espoir d'intégrer, un jour encore lointain, l'UE en améliorant la qualité de trois productions d'avenir dans un système agricole local ravagé: les fromages, l'huile d'olive et le vin.
Le Sénégalais Boubakar Cisse, de la Fiera (Foire internationale de l'agriculture et des ressources animales), rêve aussi de réaliser en Afrique de l'Ouest, un espace économique autosuffisant, avec ses barrières douanières, son marché agricole interne et des exportations de coton, cacao, café, riz et soja à des prix concurrentiels sur les marchés occidentaux. L'urgence, ce sont les infrastructures pour assurer les échanges entre pays membres, note-t-il.

Une autre urgence, ce sont les crédits pour créer de l'activité, affirme Julienne Aba Adjoavi qui anime au Togo l'Echoppe (Echange pour l'organisation et la promotion des petits entrepreneurs), une banque qui accorde des crédits de 5.000 à 20.000 francs CFA à des mères seules pour ouvrir un "restaurant de rue" ou un commerce.

Deux tiers de leurs remboursements hebdomadaires vont à l'amortissement du prêt, à 18% l'an, et un tiers à une épargne "solidaire" pour des services d'hygiène, de santé et de planification familiale.

Le CFSI (ex-Comité français contre la faim) réunit 32 membres, des ONG françaises comme le Secours populaire, Artisans du monde, Ingénieurs sans frontières ou Vétérinaires sans frontières, qui conduisent des projets de développement auprès d'agriculteurs des pays pauvres, tandis que le CFSI joue un rôle "d'ensemblier" et de "lobbyiste" auprès des Etats, ici et là-bas.


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