La rencontre a débuté dans le village de Munkebo, près de Nyborg, par un déjeuner dans la ferme familiale de la ministre danoise, Mariann Fischer Boel, dont le pays assure la présidence de l'Union, a-t-on indiqué de sources diplomatiques.
A deux semaines des élections législatives allemandes du 22 septembre, aucune avancée n'est attendue de la réunion sur les deux sujets majeurs de désaccords : les projets de réformes de la Pac et de la politique communautaire de pêche (PCP) du commissaire européen chargés de ces secteurs, Franz Fischler.
"Ces sujets ne vont pas être négociés formellement ici à Nyborg", a souligné devant la presse Mme Fischer Boel. La présidence danoise des Quinze n'a programmé à Nyborg qu'une seule session formelle de travail, mardi, sur l'innovation et la recherche, à laquelle se joindront les ministres des pays candidats à l'Union européenne.
"Beaucoup d'autres discussions ont lieu : vous ne pouvez pas mettre ensemble des politiciens plus de cinq minutes sans qu'ils parlent politique", a cependant reconnu Mme Fischer Boel, en réponse à une question sur la Pac et la pêche.
De fait, la plupart des participants à la réunion de Nyborg devaient saisir l'occasion de leur "retraite" dans le cadre détendu d'un hôtel au bord de la mer, sur la côte est de la Fionie (centre du Danemark), pour mener des apartés bilatéraux, notamment sur la pêche, selon des diplomates.
M. Fischler a prévu de réunir tôt mardi le ministre français, Hervé Gaymard, et ses homologues espagnol, italien, grec, et portugais, pour "prendre la température" avant la présentation fin septembre d'un plan d'action de la Commission européenne pour la pêche en Méditerranée, a-t-on indiqué de sources européennes.
La France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Grèce, ainsi que l'Irlande sont fermement opposés au projet de réforme de la PCP, qui prévoit de retirer 8.600 navires de la flotte européenne de pêche entre 2003 et fin 2006, ce qui menacerait 28.000 emplois directs dans toute l'Union sur les quatre ans à venir.
Mme Fischer Boel a jugé "vital" dimanche de trouver un compromis sur la réforme d'ici fin 2002, comme le souhaite Bruxelles. "Mon ambition est de finaliser les négociations, sinon en novembre (...) au moins en décembre", a-t-elle dit. Mais les divergences suscitées par le plan Fischler sont telles que des diplomates présents à Nyborg confiaient avoir "du mal à imaginer" que le calendrier soit tenu.
Devant l'urgence, la pêche devrait éclipser à Nyborg la controverse sur la Pac, qui oppose principalement la France et l'Allemagne.
Paris rejette la philosophie de la réforme proposée par M. Fischler, qui veut découpler les subventions accordées aux agriculteurs du niveau de leur production. Berlin soutient à l'inverse le projet tout en espérant une réduction du coût budgétaire de la Pac, qui absorbe plus de 40 % du budget communautaire.
Samedi soir à Hanovre (Allemagne), le chancelier allemand Gerhard Schroeder et le président français Jacques Chirac ont mis en sourdine leur différend sur le dossier, en raison des élections allemandes.
"La France a compris que nous devons réduire les coûts pris en charge par l'Allemagne et nous avons compris que la France ne peut accepter que la situation change avant 2006", a déclaré M. Schroeder.
Retenue par la campagne électorale, la ministre allemande Renate Kuhnast ne participera aux travaux de Nyborg que mardi. |