Le ministre français, Hervé Gaymard, a adressé cet été à neuf de ses collègues des Quinze un projet de lettre ouverte destiné à réaffirmer l'attachement de ses signataires à la Pac, ont indiqué mardi ces ministres en marge d'une réunion informelle à Nyborg (Danemark).
L'idée de cette lettre a germé lors d'un dîner le 15 juillet à Bruxelles entre M. Gaymard et son collègue espagnol, Miguel Arias Canete, a précisé le ministre français.
Elle a été discutée le lendemain à Paris en marge d'une réunion des ministres français, espagnol, italien, portugais, grec et irlandais sur un autre projet controversé proposé par Bruxelles pour réformer la pêche européenne.
Le texte a été rédigé fin juillet par M. Gaymard et adressé début août aux mêmes ministres, ainsi qu'à leurs homologues autrichien, belge, luxembourgeois et finlandais. Il est destiné à être publié dans "les semaines qui viennent" dans la presse européenne, selon le ministre français.
Les dix pays concernés correspondent à ceux qui ont critiqué la réforme de la Pac proposée par le commissaire européen à l'Agriculture, Franz Fischler, lors d'un débat public le 15 juillet à Bruxelles, alors que l'Allemagne et la Grande-Bretagne conduisaient le camp opposé.
"Le papier que nous avons préparé n'est pas un brûlot anti-Commission (...) mais une réponse aux critiques caricaturales que l'on peut entendre depuis quelque temps", a déclaré Hervé Gaymard à quelques journalistes mardi à Nyborg.
"Qu'on arrête de nous servir les mêmes idées reçues : la Pac en soi pollue, la Pac est responsable de la crise de la vache folle, la Pac est responsable de la faim dans le monde, la Pac explose budgétairement, etc. Il est très facile de dire que son chien a la rage quand on veut le noyer", a ajouté le ministre français.
"La lettre dit que la Pac n'est pas cette chose diabolique que certains prétendent", a expliqué de son côté la secrétaire d'Etat belge aux Affaires étrangères, Annemie Neyts.
La France est, avec l'Espagne, l'un des principaux opposants au projet de révision de la Pac présenté en juillet par M. Fischler, qui suggère pour la première fois de découpler le montant des aides communautaires aux agriculteurs de l'Union européenne du niveau de leur production.
Le texte de M. Gaymard a été bien accueilli mardi par le ministre portugais Armando Sevinate Pinto. Le ministre italien Giovanni Alemanno a en revanche demandé de "profonds amendements" avant de pouvoir le signer. Il a parlé d'un texte trop "conservateur".
Les pourparlers sur la Pac sont bloqués pour le moment en raison des élections allemandes du 22 septembre. "En aucun cas nous ne pourrions être capables de finaliser ces négociations sous la présidence danoise", a souligné mardi la ministre danoise, Mariann Fischer Boel. La Commission souhaite voir la révision de la Pac entrer en vigueur début 2004. |