"Adhérer à l'UE n'est pas l'enfer que décrivent certains, mais ce n'est pas non plus le paradis", a déclaré M. Fischler lors d'une conférence de presse donnée au premier jour de sa visite dans ce pays. "Il y a une vérité toute simple que les fermiers polonais devraient garder en tête : il vaut mieux faire partie de l'UE que de rester dehors", a-t-il martelé, à l'issue d'une rencontre houleuse avec les parlementaires à Varsovie.
La Pologne sera "perdante", si les négociations d'adhésion ne sont pas bouclées à temps, a également souligné le Commissaire européen à l'Agriculture, après une matinée épuisante de discussions avec les dirigeants polonais. "Je pense que la pire chose qui puisse arriver ce serait un non élargissement (de l'UE), et la situation des fermiers sera bien pire s'il n'est pas possible d'arriver à conclure comme prévu", a également déclaré M. Fischler.
"Il est extrêmement important de respecter ce calendrier", a-t-il ajouté. La Pologne, qui arrêtera sa position finale le 21 septembre sur ce dossier, mènera des pourparlers particulièrement serrés. Car plus que les neuf autres candidats, le plus grand des dix pays a un secteur agricole très développé : sur ses 39 millions d'habitants, 5,5 millions ne vivent que de cela.
M. Fischler a défendu l'ensemble de ses propositions agricoles comme étant "bien équilibré" et a demandé à la Pologne de les considérer dans leur au lieu de se concentrer sur les seules subventions directes. Varsovie et les autres candidats avaient rejeté le plan de Bruxelles, qui propose de n'offrir dans un premier temps aux fermiers des nouveaux membres que 25% des sommes dont bénéficient actuellement les Quinze, puis de les porter progressivement à 100% sur dix ans.
"Il me semble très important de penser au paquet tout entier offert par l'UE à la Pologne, et non à un seul de ses éléments", a déclaré M. Fischler. Les conditions d'adhésion obtenues par Varsovie auprès de Bruxelles auront leur impact sur les résultats d'un référendum national, attendu au printemps prochain, sur l'entrée de la Pologne dans l'UE. La ministre polonaise à l'Intégration européenne Danuta Huebner a indiqué avoir expliqué à M. Fischler que le soutien à l'UE était plus faible dans les campagnes polonaises car les gens y étaient moins bien informés des bénéfices de l'adhésion à l'UE.
Mais M. Fischler a déclaré, cité par Mme Huebner, que "tous les détails techniques du dossier agricole, y compris les subventions directes, doivent être bouclés par l'UE avant le sommet de Bruxelles" prévu les 24 et 25 octobre. L'avertissement de M. Fischler s'adresse non seulement à la Pologne mais aux autres pays candidats à l'UE, censés avoir achevé d'ici la fin de l'année leurs négociations d'adhésion pour devenir membres en 2004 de l'organisation communautaire.
M. Fischler se rend ensuite à Riga pour y rencontrer les responsables agricoles des trois pays baltes et leur tenir le même langage. Les pays susceptibles de rejoindre l'UE en 2004 sont outre la Pologne, la Hongrie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie, Slovaquie, République tchèque, ainsi que deux autres pays méditerranéens : Chypre et Malte. |