Dans ce cas, "les pays qui bénéficient de quelque chose doivent être prêts à en abandonner une partie", a déclaré jeudi soir le chancelier social-démocrate allemand Gerhard Schroeder à l'issue d'un entretien à Berlin avec le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende. "Nous avons besoin d'une dégressivité, nous sommes d'accord là-dessus", a ajouté Jan Peter Balkenende au cours d'une conférence de presse. Cela ne veut pas dire que Berlin et la Haye envisagent de bloquer le processus de décision de l'UE par rapport à l'élargissement, "mais nous devons en tirer les conséquences", a-t-il souligné. L'Allemagne et les Pays-Bas sont tous les deux contributeurs nets au budget de la PAC, de loin le plus gros morceau de celui de l'UE avec pas moins de 40 milliards d'euros, alors que la France, par ailleurs contributeur net sur l'ensemble du budget de l'UE, est le principal bénéficiaire de la PAC.
Dans la perspective de l'élargissement de l'UE en 2004 à dix nouveaux membres, Berlin et La Haye sont favorables à une réforme de la PAC et des aides directes à l'agriculture, comme le propose la Commission de Bruxelles. En revanche, Paris, comme l'a affirmé à maintes reprises le Président Jacques Chirac, est hostile à toute réforme de la PAC avant 2006, date d'échéance de l'Agenda 2000 qui fixe le budget de l'UE et qui avait été adopté au sommet de Berlin en 1999. Toutefois, MM. Chirac et Schroeder avaient réitéré le 2 octobre dernier à Paris, au cours d'un dîner informel, leur promesse d'arriver aux sommets européens de Bruxelles, les 23 et 24 octobre, puis de Copenhague, mi-décembre, avec une "position commune" sur l'élargissement prévu de l'UE, y compris sur ses volets financier et agricole. A cette fin, ils doivent se rencontrer de nouveau lundi 14 octobre, une nouvelle fois dans la capitale française, et à la fin du mois en Allemagne, après l'investiture du nouveau gouvernement issu des élections législatives du 22 septembre remportées de justesse par Gerhard Schroeder et ses alliés Verts. Les deux dirigeants étaient convenus le 7 septembre dernier à Hanovre (nord de l'Allemagne), lors d'une autre rencontre informelle, de repousser à l'après-Copenhague les discussions de fond sur la réforme de la PAC afin de ne pas renouveler en plein élargissement le calamiteux effet de la division franco-allemande lors du sommet de Nice (France) de décembre 2000. |