"J'espère qu'un compromis pourra être trouvé" à Bruxelles, a déclaré M. Verheugen sur la radio allemande Westdeutsche Rundfunk (WDR), soulignant: "Je n'en suis pas sûr, il existe toujours de grandes incertitudes", en premier lieu sur ce que l'Union européenne peut proposer aux dix pays entrants en terme d'aides agricoles.
Le commissaire européen, de nationalité allemande, a rappelé qu'un accord à Bruxelles dépendait d'un compromis entre la France et l'Allemagne, divisées sur cet aspect central du financement. Ce différend met en jeu un calendrier très serré, dont l'objectif officiel est de permettre la participation des nouveaux venus aux élections européennes de juin 2004 en tant que membres à part entière de l'UE.
M. Verheugen a invité Paris et Berlin à adopter "une sorte de déclaration politique" qui trace la voie à un accord sur le financement des aides agricoles et donc à l'élargissement de l'UE, qui doit en principe être entériné en décembre lors du sommet de Copenhague.
"La seule façon de parvenir" à ce qu'il estime être les "nécessaires réformes touchant au coeur de l'UE", dont une réforme de la Politique agricole commune (PAC), est que Paris et Berlin s'entendent sur "une sorte de déclaration politique de fond", a-t-il préconisé.
Une telle déclaration fixerait comme "orientation (...) une diminution des dépenses agricoles à compter de 2006" dans les pays aujourd'hui membres de l'UE "afin de pouvoir faire face aux dépenses croissantes dans l'Europe élargie" à 25, a-t-il avancé.
Paris et Berlin restent profondément divisés sur ce dossier. Le chancelier allemand Gerhard Schroeder refuse d'accroître la contribution de l'Allemagne, de loin le plus gros payeur net dans le budget européen, si le principe d'une dégressivité des aides agricoles à mettre en oeuvre au plus tard en 2007 n'est pas adopté dès aujourd'hui par les Quinze.
La France, premier bénéficiaire de la PAC, ne veut pas parler d'une réforme des aides agricoles avant 2006, lorsque l'actuel cadre budgétaire européen arrivera à échéance.
Un compromis comme celui esquissé par M. Verheugen, qui renvoie dans les faits à plus tard l'adoption d'une solution, "relève d'une procédure qui a montré son efficacité au sein de l'Union européenne", a estimé le commissaire.
Et de remarquer: "Il est parfois impossible de faire autrement que de convenir de parvenir à une décision donnée, dans une direction donnée, à une échéance donnée".
Plus tôt lundi, sur la télévision allemande ARD, M. Verheugen s'était plaint de l'attitude de la France sur ce dossier. Annonçant une explosion des dépenses agricoles de l'UE avec l'élargissement, il a déclaré : "Là est exactement le problème, les Français se sont jusqu'ici montrés peu disposés à s'engager dans une telle direction". |
