L'agriculture polonaise se met au bio

Avec son exploitation de 8,5 hectares dans le village de Pokrzydowo, au nord de la Pologne, Babalski a fait des émules. D'autres petits agriculteurs de la région lui se sont également lancés dans la culture biologique avec l'espoir de séduire les consommateurs européens.

"Traditionnellement, les agriculteurs polonais utilisent moins d'engrais", explique-t-il. Nos terres sont donc moins polluées et plus facilement reconvertibles dans les produits bio. En outre, le climat plus rigoureux épargne à nos cultures bon nombre de parasites et de maladies".

"N'ayez pas peur, vous pouvez même manger l'assiette !", ajoute cet agriculteur en riant. L'assiette brune est faite de griots de blé. Biodégradable, elle a le goût des floçons d'avoine.

"Chez moi tout est sain", assure ce barbu de 54 ans.
Prunes séchées au soleil, pommes rouges et parfumées, jus de cassis, de betteraves ou de choux, l'agriculture bio constitue selon Mieczyslaw Babalski "une formidable chance pour tous les paysans polonais qui risquent de faire les frais de l'élargissement".

Babalski est un des fondateurs et le vice-président d'Ekoland, une des quatre associations qui regroupent des agriculteurs bio et qui contrôlent l'application des normes en vigueur sur l'agriculture biologique.

Il s'intéresse au bio depuis 1985 et a suivi une formation de 3 mois en Suisse. Aujourd'hui, il produit chaque année 80 tonnes de pâtes au blé complet et emploie trois personnes.

Considéré comme un original il y a une dizaine d'années, Babalski est désormais entouré dans son village par huit autres fermiers bios.

La Pologne compte aujourd'hui 2.000 de ces agriculteurs contre seulement 27 en 1990. Leurs exploitations représentent au total 20.000 des quelques 17 millions d'hectares de terres cultivables du pays.

Mais pour Babalski, "c'est insuffisant". "Il nous faudrait au moins 10.000 agriculteurs bio, car pour l'instant, nous ne sommmes pas capables de satisfaire correctement la demande".

Le réseau de distribution est lui aussi embryonnaire. Il n'existe dans tout le pays qu'une trentaine de grossistes et 300 magasins spécialisés dans la nourriture bio.

Mais la situation devrait s'améliorer d'ici à quelques années. Pour encourager ce secteur, le parlement polonais a adopté l'an dernier une loi qui s'aligne sur les normes européennes. Le gouvernement a également accordé des subventions aux producteurs bio: 440 zlotys (110 euros) par hectare en 2001, 200 cette année.

L'intérêt pour le bio, déjà très en vogue parmi les Quinze, va croissant dans ce pays à forte tradition agricole et les écoles d'agriculture ont introduit des cours obligatoires sur la culture biologique.

Mais devenir agriculteur bio n'est pas une tâche aisée. "D'abord, il faut laisser la terre en jachère pendant 5 et 7 ans pour la régénérer, explique Babalski. Et puis, c'est beaucoup de travail, il faut respecter les cycles de la nature: "Ma grande-mère par exemple m'expliquait qu'il ne fallait jamais semer avant la pleine lune et que les foins devaient être fait après la nouvelle lune. L'agriculture bio, c'est autant une philosophie qu'un métier".

Mieczyslaw Babalski se veut optimiste. Il est convaincu que la Pologne deviendra "l'un des principaux pays producteurs de bio en Europe".


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