Michel-Edouard Leclerc défie les industriels de baisser leurs prix

"Nous pensons toujours qu'il faut modifier la loi Galland", a expliqué M. Leclerc en présentant ses résultats annuels. "Mais, comme les pouvoirs publics proposent une nouvelle interprétation de la loi, avec désormais la possibilité de négocier les conditions générales de vente (prix officiels) que jusqu'ici les industriels ne voulaient pas toucher, nous allons jouer le jeu".

"Nous allons donc suivre les recommandations du récent accord entre la FCD (Fédération du commerce et de la distribution) et l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires) et revenir à des discussions sur les prix, et pas seulement sur la coopération commerciale", a-t-il dit.

"En attendant, les hausses de prix continuent", a dénoncé le plus médiatique des distributeurs.

"Sur nombre de produits de grande consommation et de grandes marques, les propositions tarifaires qui nous sont faites, théoriquement non négociables, sont très supérieures à l'inflation. Par exemple, L'Oréal a augmenté ses tarifs de 21% en deux ans --mais pour le consommateur c'est moi qui apparaît à l'origine de ces hausses", a-t-il protesté.

"Aussi, nous nous réservons la possibilité de réattribuer les hausses à qui de droit, y compris par voie de communication", a averti M. Leclerc, qui briserait ainsi un tabou majeur dans ce domaine tenu par la loi du silence.

M. Leclerc compte en effet lancer prochainement une nouvelle campagne "pédagogique" pour dénoncer la loi Galland et ses effets pervers.

"Si on réduit la coopération commerciale, notamment en remettant dans la négociation de prix ce qui est assimilable à la vente, on peut obtenir une baisse de prix de 5 à 6% sur les grandes marques", a commenté M. Leclerc, qui veut plus que jamais axer sa stratégie sur une position de prix bas.

Depuis l'adoption de la loi Galland en 1996, la coopération commerciale (services de promotion réels ou fictifs facturés par la distribution aux industriels, encore appelés marges arrières) ont gonflé de manière démesurée, atteignant parfois plus de 50% du prix d'achat des produits, sans que les distributeurs aient le droit de répercuter ce rabais déguisé au consommateur.

Ce paradoxe, dénoncé par Leclerc au printemps, est désormais critiqué par tous. Mais les pouvoirs publics et les distributeurs autres que Leclerc, plutôt que de changer cette loi complexe, préfèrent tenter d'en modifier la pratique et recommandent de réduire les marges arrières.
Il serait impossible, selon lui, de revenir brutalement à la situation d'avant la loi Galland, avec de faibles marges arrières. "Passer de 25% de marge arrière à 15% sur un produit reviendrait à baisser le chiffre d'affaires du distributeur et de l'industriel de 10%, ce qui est ingérable quand on a annoncé des hausses à ses actionnaires", a lancé M. Leclerc, qui refuse de coter son groupe en Bourse.

"Les industriels ont eu intérêt à ce système, car en acceptant de verser de grosses sommes pour la coopération commerciale, ils ont acheté la paix, l'unification des prix au consommateur dans toutes les enseignes", a-t-il commenté. "Même l'Etat en profite, puisqu'il touche la TVA sur les ventes", a-t-il glissé, estimant que le consommateur français paie au final bien plus cher que ses voisins européens.

Mais, il ne croit pas vraiment qu'une nouvelle interprétation de la loi en supprimera les abus et reste partisan d'une "modification législative".


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