A Gallargues-le-Montueux, le vignoble fait encore morne plaine

"Si je n'ai pas reçu d'aide avant la fin de l'année, je peux mettre la clef sous la porte en janvier", affirme à l'AFP ce petit homme râblé de 37 ans, père de trois enfants, possèdant plus d'une vingtaine d'hectares dans ce vignoble de plaine, en contrefort des Cévennes.

Sorti de sa retraite pour l'aider à redresser les souches, son père, Michel, 63 ans, lui répond avec malice : "On travaille là depuis cinq générations, c'est trop dans le sang pour abandonner".

Située dans une cuvette coincée entre la route nationale et le village, dans l'ancien lit du Vidourle, la moitié de sa vigne a été submergée juste avant les vendanges par deux mètres d'eau. Le pont et le canal voisins ont fait office de barrage, avant que les flots ne déboulent, charriant caravanes, chevaux et taureaux morts.

"En 24 heures, j'ai vu tout notre travail anéanti", résume le viticulteur. Depuis plusieurs années, cet ancien maraîcher, qui a racheté il y a 14 ans les vignes de son père, avait reconstruit ce vignoble, autrefois consacré aux modestes vins de table, remplaçant le cépage "aramon" par des nobles "merlot" et "chardonnay".

Forte d'une vingtaine de vignerons, la cave coopérative locale, qu'il préside, était parvenue à hisser 90% de sa production en vins de pays d'Oc. "On avait fait venir les négociants qui avait tout pré-acheté", se lamente Jérôme Dupret. De 33.000 hectolitres, la production de la cave devrait descendre à 20.000, une perte sèche d'environ 610.000 euros.

Par chance, à un jour près, les vendanges précoces pour le vin blanc, venaient d'être achevées quand l'eau a surgi. Protégés par des digues de terre, déposées au dernier moment par les viticulteurs, les moteurs de la coopérative ont ainsi pu redémarrer.

"Le pire, c'est que cette catastrophe est arrivée après deux années de mévente. Les gens étaient déjà pris à la gorge", explique un employé de la chambre d'agriculture, venu donner prêter main forte à son ami qu'il a aidé à installer lorsqu'il était "jeune agriculteur". Selon lui, "personne ne sait si les aides suffiront".

"La seule chose qui m'a permis de tenir, c'est la solidarité", assure Jérôme Dupret. Des cars de viticulteurs de la région, des élèves, des paysans, des amis : plus d'une centaine de personnes ont participé à la remise en état du vignoble, cassant les caravanes à la hache et tirant les cadavres d'animaux au tracteur.

Un pompier à la retraite s'arrête régulièrement pour donner un coup de main. "Dès que je les vois sur le terrain, je viens me proposer", dit-il.

"Même les cousins de Paris, qui n'avaient pas les moyens de venir ici, ont tous débarqué dans une voiture", souffle le viticulteur, admiratif.


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