"Les vins du Nouveau Monde sont des concurrents redoutables"

Que représente la vente des Hospices de Beaune pour le négoce bourguignon?
C'est un événement très important car c'est la première dégustation du nouveau millésime et l'occasion pour les acteurs de notre filière de se retrouver après les vendanges. Cela permet de faire un point sur la situation du marché et nous sommes tous très attachés à cet événement qui fait partie de la culture de notre région.

Cette vente va se dérouler dans un climat particulier. On évoque une crise mondiale et une surproduction, les vins français souffrent face à ceux du Nouveau Monde. Quels changements préconisez-vous?
Les vins du Nouveau Monde se sont positionnés comme des concurrents redoutables, en particulier pour les vins d'entrée de gamme. Il est important pour la France de s'adapter. Cette période d'adaptation entraîne des difficultés que nous allons surmonter.
La France, référence dans les grands vins, doit s'assurer que les appellations d'origine contrôlée sont impeccables qualitativement. Il faut appliquer de façon stricte nos règles et trouver une solution honorable pour les vins qui seraient insuffisants. Nous préconisons pour ces vins la création d'une nouvelle catégorie qui ne ferait plus référence au terroir et qui pourrait alors bénéficier des règles du jeu internationales et s'inscrire dans la compétition mondiale. Soyons clairs, il ne s'agit en aucun cas de transformer des vins d'appellation d'origine contrôlée en vins technologiques, mais de mettre en place ponctuellement des soupapes de sécurité.

Pensez-vous que préconiser la règle internationale des 85% sur le millésime et le cépage sera compris en France, où la notion de terroir est si importante?
La notion de terroir fait partie de la culture française et l'espace de liberté que nous préconisons doit être expliqué clairement. En France, les vignobles d'appellation d'origine contrôlée doivent rester des vignobles de terroir. Mais si en raison d'accidents climatiques ou d'origine humaine les vins qui y sont produits ne satisfont pas ces conditions de vins de terroir, ils doivent changer de catégorie sous peine de pénaliser tous les autres. Nous savons que la préconisation que nous faisons est un changement important dans la culture du vin français. Il nous apparaît indispensable pour renforcer la notion d'appellation.