La difficile promotion des crus du Beaujolais dans l'ombre du vin nouveau

Le Beaujolais nouveau, reconnaissent les professionnels, a toutefois été un formidable produit pour "percuter" les marchés.

Le négociant, George Duboeuf le qualifie même de "locomotive des vins du Beaujolais", dont 50% de la production annuelle qui s'élève à 1.300.000 hl sont exportés.

Mais cette puissante renommée n'a malgré tout pas favorisé le développement de l'image des crus. "A l'échelle mondiale, une région peut avoir une image pas deux", estime un viticulteur de Morgon (Rhône), Dominique Piron.

La grande variété des crus, au nombre de dix (Brouilly, Morgon, Fleurie, Juliénas, Régnié, Côte de Brouilly, Chénas, Moulin-à-vent, Chiroubles et Saint-Amour), ne facilite pas non plus les choses.

"Il est très difficile de mener de front une campagne publicitaire pour les dix crus à la fois car on ne peut autant attirer l'attention de consommateurs très sollicités par la variété mondiale des vins. On peut au maximum faire la promotion de quatre crus à la fois", estime M. Duboeuf.

Par ailleurs, la différence des produits: d'un côté, le Beaujolais nouveau, un vin "frais et sympa" mais dont "l'arôme est artificiellement standardisé par des levures", de l'autre les crus au bouquet plus complexe, n'a peut-être pas été assez souligné au fil des ans, selon un négociant-éleveur de Villefranche-sur-Saône (Rhône), spécialisé dans les crus du Beaujolais, Yves-Dominique Ferraud.

L'effet de mode du nouveau, dont on annonce chaque année un goût de fruit différent, le rend également furieux. "Une année, une maison de négociants qui a pignon sur rue a décrété que le Beaujolais avait goût de banane. Un de nos représentants nous a appelé en nous demandant pourquoi ce n'était pas le cas du nôtre. Je lui ai répondu: +si j'avais les moyens je t'enverrai en Martinique voir si les bananes ont le goût du Beaujolais", raconte-t-il, pince sans rire.

"Chaque fois, on me demande quel est le nouveau goût de fruit. Je réponds, que l'essentiel c'est qu'il ait goût de raisin", ajoute-t-il.

La conséquence, selon lui, est que les consommateurs les plus avertis, parmi lesquels les Anglais, boudent actuellement le Beaujolais nouveau, et le Beaujolais en général.

Pour promouvoir les crus, il faut savoir saisir les opportunités, avance M. Duboeuf. Le délégué général de l'Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais (UIIVB), Michel Rougier pense qu'"il faudrait des gens connus qui deviendraient les ambassadeurs des crus".


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