Cette étude, réalisée par le cabinet Hydratec pour l'Etablissement public territorial de bassin du Rhône, sera remise le 16 décembre au préfet. Elle fait un état des lieux du risque de crue dans la vallée du Rhône, actuellement la proie d'inondations importantes, et propose une stratégie de prévention.
"Des crues plus fortes que celles de novembre 1840 ou mai 1856 peuvent encore se produire", a affirmé Benoît Cortier, qui a participé à l'étude. Quelque 280 communes sont exposées au risque de crue du lit majeur du Rhône, et 1,8 million d'habitants seraient concernés directement ou indirectement en cas d'inondations. 158.000 personnes seraient inondées chez elles en cas de crue très forte, et 62.000 en cas de crue forte (centenale, comme celle de 1856). Une crue du type de celle de 1856 se traduirait par 2 milliards d'euros de dégâts pour les habitations, les activités agricoles et industrielles, et une crue millénale par 4 mds de dégâts, sans parler des équipements (routes, télécommunications...). A titre de comparaison, le delta du Rhône connait actuellement une crue cinquantenale. Que faire pour réduire le risque? Les aménagements du Rhône, comme les digues, "n'ont ni amoindri ni aggravé les crues", estime Bruno Cortier. En revanche, les plaines inondables, qui jouent un rôle d'éponge, ont été réduites de moitié depuis 1856, passant de 700 km2 à 385 km2. Ces "zones d'expansion des crues" jouent un rôle majeur: elles absorbent une partie du flot et réduisent le risque pour les populations en aval. Le lac du Bourget est la plus importante. Les plaines inondables permettraient de réduire de 1m80 la hauteur d'eau à Lyon-Perrache en cas de crue très forte, selon Bruno Cortier. La moitié des plaines inondables ont été soustraites par des ouvrages de protection à ce rôle d'expansion de crue, et affectées depuis à des activités humaines, aussi bien dans le Rhône Médian (couloir de la chimie) que dans la plaine d'Orange, affectée à l'agriculture. L'étude reconnaît qu'il est très difficile de rendre à ces plaines leur rôle de zone d'expansion des crues. Elle préconise d'étudier le cas de plaines où les enjeux industriels et agricoles sont moindres (Piolenc, Montfaucon, Meyse), et surtout d'améliorer l'efficacité des champs d'expansion des crues existants. Ainsi, dans la plaine de Brangues-le-Bouchage, où les habitants vivent avec les inondations, la crue peut être mieux anticipée, pour permettre de mettre les troupeaux à l'abri. Dans la région maraîchère du sud de Valence, où les agriculteurs peuvent être ruinés par une crue de printemps, l'impact peut être réduit par la mise hors d'eau des équipements électriques (frigorifiques), la mise en place de serres moins fragiles... Le lit du Rhône, qui rejette sur les berges des sédiments fins, doit être entretenu pour favoriser l'écoulement. L'étude tire la sonnette d'alarme sur l'état des digues "pour beaucoup vétustes", et préconise une inspection complète avec calendrier de restauration. L'ère des grandes digues, dont l'effet aggravant est bien connu en cas de rupture, est révolu, mais "on peut étudier la mise en place de protections très localisées, pourquoi pas amovibles, pour les communes les plus exposées", explique Bruno Cortier. |