Donner des produits frais aux plus démunis, une course contre la montre

Chez Carrefour, yaourts, oeufs et fromages sont retirés sept jours avant leur DLC, viandes et volaille deux jours avant, le pain le soir même et les fruits et légumes dès que leur aspect ternit.

Avec les produits aux emballages abimés, tout est remis chaque matin aux camions de l'association le Pain de l'Espoir.

Un gros hypermarché comme celui-ci, qui avale chaque jour 14 camions d'aliments, ne produit qu'un petit rebut: une vingtaine de barquettes de viande, une dizaine de boîtes d'oeufs, une vingtaine de cageots de fruits ou légumes. Un "homme-casse" est d'ailleurs chargé de limiter au maximum ce manque à gagner pour le magasin.

Ce jour-là, la "casse" contient beaucoup d'ananas un peu défraîchis et des barquettes de bison, reste d'une promotion de la veille. "Le lendemain des fêtes, il y aura aussi des dindes et du foie gras", explique Eric Broussière, le directeur du magasin.

Vers 7 heures, Claude Prodhomme, salarié du Pain de l'Espoir, vérifie à nouveau les produits un par un: chaque orange, chaque yaourt est examiné: il n'est pas question de prendre le moindre risque sanitaire ni de donner aux défavorisés des produits de moins bonne qualité qu'à tout autre consommateur.

Depuis 1997, les magasins Carrefour retirent les produits frais proches de leur DLC, mais tous n'ont pas trouvé d'association capable de les récupérer sans les gâter. Mais il y a quelques années, des responsables locaux du groupe de distribution ont offert au Pain de l'Espoir des camions réfrigérés.

Depuis, l'association récupère le rebut de huit hypermarchés de cette partie de la région parisienne et approvisionne une cinquantaine d'associations et d'épiceries sociales. L'association, qui récupère deux tonnes par jour, a assuré 700.000 repas par an en 2001.

"Avant, nous jetions tout", raconte le directeur de l'hypermarché, fier que désormais que cette nourriture ne parte pas à la poubelle. Rien à faire en revanche pour les surgelés ou les poissons, qui partent en benne à ordure.

Vers midi, les camions du Pain de l'Espoir arrivent à leur entrepôt de Melun (Seine-et-Marne) à 20 km de là. Les produits sont stockés au réfrigérateur, avant d'être vendus ou donnés dans la journée ou le lendemain.

"Nous donnons aux associations qui préparent des repas, mais nous préférons fournir des épiceries sociales où les produits ne sont pas donnés mais vendus au dixième du prix de l'étiquette. Ainsi, les gens gardent leur dignité, conservent la notion d'achat et restent des consommateurs comme les autres", explique Patrick Dupin, directeur du Pain de l'Espoir.

"Pour les produits festifs, nous appliquerons un plafond: par exemple le foie gras sera vendu, comme toutes les viandes, 0,60 euro le kilo maximum", ajoute-t-il.

Les épiceries sociales sont réservées aux indigents inscrits auprès des services sociaux. "Bien sûr, quelqu'un qui a faim peut venir ici, nous l'accueillerons.

Mais en principe il faut être inscrit et venir sur rendez-vous: nous accompagnons les achats pour que chacun prenne avec raison et selon les besoins de sa famille", note M. Dupin.

"Je ne donnerai pas des produits qui ne seraient pas bons pour moi", précise-t-il, en vérifiant une fois encore que les radis à peine déchargés sont encore fermes...


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