"Sur dix professionnels présentant leurs produits, six trouvent un distributeur en France", se félicite Anna Taddonio Serio, consultante en promotion de la qualité italienne à l'agence Life and Style. "Le succès a été immédiat", a expliqué à l'AFP cette jeune Italienne qui présentait à la veille des fêtes de fin d'année son pays au salon Saveurs, une manifestation phare bi-annuelle attirant à chaque fois plus de 40.000 visiteurs à Paris. L'Italie participait pour la quatrième fois à ce salon, dont c'était la 7ème édition cette année, au travers une quarantaine d'exposants venus de la province de Naples, après l'Ombrie, la Toscane, le Piémont, les Pouilles et la Campanie les années précédentes. En fait, comme dans le design ou la mode, l'"italianité" est très prisée à l'étranger aussi en gastronomie. Selon le président de la confédération commerciale italienne Confcommercio, Sergio Bille, rien que les restaurants italiens dans le monde importent d'Italie des produits pour un montant de 27 milliards d'euros (chiffres pour 2001). Face à cet engouement, des marques françaises recourent à des labels à consonance italienne pour assurer un succès commercial à leurs produits. Une dernière création du groupe agroalimentaire français Danone, un yaourt Taillefine, s'appelle ainsi Cremosso et se vend bien, tout comme le jambon d'Aoste, fabriqué en fait en Isère, dans l'est de la France, pour le compte du groupe américain Sara Lee. Cette apparente usurpation d'identité n'a pas l'air d'inquiéter outre mesure les Italiens. "Ceux qui utilisent l'Italie dans leur communication nous rendent service car nous resterons toujours la référence", confiait récemment un responsable de l'appellation Speck du Haut Adige, Franz Mitterrutzner, au journal économique La Tribune. Les Italiens n'en veillent pas moins jalousement à leur légitimité. Une campagne publicitaire pour le parmesan, "Seul Parmiggiano-Reggiano est Parmesan", rappelle aux consommateurs français que le nom, même en sa traduction française, appartient aux seuls producteurs véridiques. Ceux-ci ont d'ailleurs obtenu récemment des instances européennes que le parmesan soit une appellation d'origine contrôlée portée seulement par le fromage fabriqué dans la région de Parme, selon une recette traditionnelle très précise, et non pas un nom générique, contrairement par exemple à la feta grecque. Pour Mme Taddonio Serio, c'est précisément l'authenticité, basée sur le respect du terroir et de la tradition artisanale, ainsi que le savoir faire, qui représentent le principal atout de l'Italie. Membre d'un réseau qui défend la qualité italienne en France, mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, voire en Italie même, elle annonce pour 2003 une initiative en France visant à faire connaître la pizza, plat typiquement italien, souvent "dévoyé de sa saveur d'origine à l'étranger". Dans ce même souci de défendre la culture gastronomique et les produits de la péninsule, les autorités italiennes viennent de créer un label de qualité "Made in Italy", qui estampillera toute "pizzeria", "ristorante" ou "trattoria" dans le monde respectant une "charte de bonne conduite". D'ici septembre 2003, les restaurants en mesure de faire accomplir "un saut qualitatif" à la cuisine italienne à l'étranger pourront disposer de ce label, selon le ministère de l'Agriculture. Une expérience pilote sera menée en Belgique au premier semestre 2003. |