"Les bidons d'arsenite de soude sont toujours en attente chez les vignerons" se lamente un professionnel. Alors que l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP) avait annoncé la reprise des stocks d'arsenite au mois de février et mars, la situation n'a toujours pas évolué.
"Depuis l'interdiction de l'utilisation de l'arsenite de soude en 2001, on nous annonce au moment de la période des traitements que les produits vont être récupérés. Et puis, l'hiver passé, on nous dit qu'il faut attendre ! Cela fait deux ans qu'on a des stocks sur les bras", s'emporte un vigneron.
En début d'année, au cours du SIVAL 2003 à Angers, le directeur général de l'UIPP Jean-Charles Bocquet s'était pourtant voulu rassurant et avait indiqué qu'on s'acheminait vers une reprise rapide des stocks d'arsenite.
"On s'était mis d'accord avec l'administration sur la mise en place d'une procédure de récupération des stocks", rappelle Jacques My, le secrétaire général de l'UIPP. Les agriculteurs remettaient les produits qu'ils avaient achetés, les centres de distribution et les industriels, avec la logistique d'Adivalor, récupéraient les produits, et l'administration (NDLR : les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement) se chargeait du traitement des produits. Dans ce schéma, chaque partenaire prenait à sa charge une partie des frais.
Mais aujourd'hui, l'administration est accusée par certains de traîner les pieds et de ne plus vouloir mettre la main à la poche. "Il n'y aurait pas de financements prévus !", s'est-on récemment inquiété. A la Direction générale de l'alimentation (DGAL) du ministère de l'Agriculture on tempère la situation et on rappelle que "quand la décision d'interdiction a été prise en 2001, le problème de la récupération de l'arsenite a été pris en compte. Mais, compte tenu de la dangerosité de ce fongicide, notamment pour l'utilisateur, l'interdiction immédiate était évidemment prioritaire". Depuis, le problème des stocks a été discuté avec les industriels et l'administration s'est toujours prononcée en faveur d'un partage des coûts, tient à rappeler la DGAL.
Selon un proche du dossier, s'il y a bien eu un blocage de la part du ministère de l'Environnement quant au financement de la reprise des stocks, aujourd'hui, à la DGAL, on affirme que les deux ministères parlent d'une même voix et que si blocage il y a, il n'est pas du fait de l'administration. "On s'est mis d'accord avec les professionnels sur un partage des coûts de la collecte et de l'élimination des produits. La procédure de rapatriement des reliquats de stocks d'arsenite prévoit deux étapes. La première phase se déroule au niveau des agriculteurs et des centres de distribution qui récupèrent les stocks. La deuxième, au niveau des centres de distribution qui regrouperont les déchets sur quelques grandes plates-formes de stockage conformes à la réglementation".
Ce plan de rapatriement est aujourd'hui finalisé assure-t-on à la DGAL qui souligne qu'il y a au moins 1 200 tonnes de produits à récupérer… et à recycler.
"Ce sera forcément un peu long, indique la DGAL en précisant que la récupération des stocks sera de toute façon bel et bien mise en œuvre cette année." On reconnaît cependant que tout n'est pas réglé sur la question de l'élimination finale des déchets. Sur ce sujet, plusieurs solutions sont encore envisagées compte tenu du volume de produits à éliminer.
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