Bonduelle quitte Machecoul, les ouvrières refusent de suivre

Les 118 salariés, des femmes pour la plupart, se sont vu proposer 71 postes dans les sites d'ensachage de salades de Genas (Rhône) et Saint-Mihiel (Meuse). Une douzaine d'autres emplois sont offerts à Niort, à 165 km.

Mardi, les employés ont à nouveau écouté les explications de la direction: le site de Machecoul est trop petit et situé trop à l'Ouest. L'agrandir ne serait pas "stratégique" compte-tenu des contraintes locales.

"Le plus râlant, c'est qu'on est rentable aujourd'hui", s'agace Nadine Garreau, déléguée CFDT. Lors de la réunion, les ouvrières demandent calmement "pourquoi Bonduelle a racheté en 1997", et comment une usine située au coeur d'une immense zone maraîchère a-t-elle pu devenir soudainement mal située.

Le directeur invoque les fusions dans la grande distribution, les entrepôts regroupés: "Vous n'y pouvez rien et moi non plus", répète-t-il aux salariés. Il détaille à une audience silencieuse les mesures de reclassement annoncées. Malgré la chaleur, Catherine Beauvoir, directrice des ressources humaines de Bonduelle Frais, demande que la réunion se tienne toutes portes et fenêtres fermées, et houspille les journalistes présents devant la salle.

Du côté des ouvrières, le ton est surtout abattu. Malgré les deux sections CFDT et CFTC, cette usine à la campagne n'a pas l'habitude de la contestation. La grève ici n'a duré que deux jours.

Toutes, pourtant, paraissent s'accorder à refuser les "mutations géographiques". Payées le SMIC ou un peu plus, elles ont souvent un conjoint salarié, parfois mieux rémunéré qu'elles. "Mon mari est mécanicien en CDI", explique Sonia: "On ne veut pas risquer de perdre ça ailleurs." "On travaille dans des ateliers à 2 degrés, mais on a nos familles ici, nos enfants ont leurs copains. Quand on gagne peu au travail, c'est énorme", reprend Cathy, veuve avec trois enfants.

"Ici, les ouvrières ont souvent plus de 40 ans, des vies qu'elles maîtrisent, des relations, des crédits pour leurs maisons. Tout recommencer à 800 km, cela leur fait trop peur", résume Nicolas Garnier, délégué CFTC.

Beaucoup espèrent en secret obtenir l'un des 20 emplois maintenus à Machecoul pour produire de la mâche. Cathy, elle, ne veut pas "retourner dans les champs", bien qu'elle croie peu aux possibilités de reclassement.

Machecoul a déjà connu trois plans sociaux ce printemps et perdu des dizaines d'emplois. Mercredi, les ouvrières de Bonduelle marcheront dans les rues de cette ville de 5.500 habitants, "la peur au ventre, déjà virées dans la tête", mais décidées à rester.


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