"C'est un petit journal menacé d'étouffement", plaide l'avocat de Lyon Mag

Le 10 janvier, le tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône (Rhône) avait condamné le mensuel à verser 284.143 euros de dommages et intérêts à 56 organisations viticoles du Beaujolais. Lyon Mag avait estimé que cette somme "dépassait largement ses capacités économiques" (1,9 M c.a en 2002).

Pour l'avocate des organisations viticoles, Me Chantal Pégaz, "les gens du Beaujolais n'ont jamais voulu s'en prendre à la liberté de la presse, mais ils demandent aux journalistes de ne pas dépasser les limites de leur métier". "Ces gens ont droit à vivre de leur vin et ont droit au respect de leur production", a-t-elle ajouté.

L'article mis en cause est une interview parue en juillet 2002, où François Mauss, présenté comme un professionnel français de la dégustation, déclarait notamment que les viticulteurs du Beaujolais "étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de merde".

"C'est souvent qu'on dit +vin de merde+, qu'on aille pas dire qu'on a été excrémentiel ou scatologique!", s'est exclamé l'avocat du périodique.

Celui-ci a également estimé que Lyon Mag aurait dû être poursuivi pour diffamation dans le cadre de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, et non sur les articles 1382 et 1383 du code civil, qui réglementent le "dénigrement de produit".

Mais Me Pégaz a estimé: "quand l'article dit +le Beaujolais ce n'est pas du vin+, c'est évidemment le produit qui est visé".

Rappelant que Lyon Mag publiait sur internet, elle a également jugé le préjudice incontestable. "Lorsque les viticulteurs appellent des commerciaux à New York à qui on a dit que le Beaujolais était un vin de merde, ils se détournent du produit".

Son contradicteur a par ailleurs tenté de démontrer que la critique de Lyon Mag était "parfaitement équilibrée", car le magazine avait également donné la parole à un professionnel du vignoble.

"Il s'agissait d'un montage de pagination et non d'une vraie réponse à la critique", a rétorqué Me Pégaz.

L'avocate a réclamé la confirmation du jugement rendu en première instance, affirmant que "l'économie d'une région avait été réduite à néant", après cette publication.

Elle a également évalué les conséquences de ce dénigrement sur le chiffre d'affaires de la région, à 2 millions d'euros de perte entre 2001 et 2002, évoquant toutefois une conjoncture internationale difficile pour l'ensemble de la viticulture française.

A l'issue du procès, le président de l'union interprofessionnelle des vins du Beaujolais (UIVB), Maurice Large, a déclaré: "j'attends la décision sagement".

De son côté, le directeur de publication de Lyon Mag, Philippe Brunet-Lecomte, était optimiste: "je ne peux pas penser que les magistrats prendront la responsabilité de tuer un journal tout simplement à cause d'une critique du Beaujolais".

La cour rendra son arrêt le 13 août.


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