Il venait avec une cinquantaine de ses confrères d'autres régions françaises et une dizaine de journalistes, à l'invitation des vignerons de Bourgueil, de goûter à des vins rouges des belles années de ce vignoble, notamment le superbe 1989, la fameuse trilogie 1949, 1948, 1947 et jusqu'à un étonnant 1934.
Auparavant, tous les invités avaient pu déguster dans les vignes et écouter un pédologue, au fond d'une tranchée creusée pour l'occasion, leur expliquer les différences entre les bourgueil de graviers, issus de vignes proches des rives du fleuve, plus légers, plus "coulants", et ceux de terres argilo-calcaires, sur les coteaux, qui donnent des vins de garde.
Parallèlement, Jacques Puisais, le "pape" des oenologues français, les invitait à prendre le verre d'une main et de l'autre de la terre des différents vignobles, pour leur faire comprendre, par le goût et le toucher, les nuances du terroir.
Si les vignerons de Bourgueil avaient organisé une telle manifestation originale, c'était pour modifier l'image de petits vins à boire très frais qui colle à leur production, comme à celles des autres viticulteurs du Val de Loire.
"Cette image de vins de comptoir est dure à partir. Le Beaujolais a les mêmes difficultés à faire passer le message qu'à côté du primeur il possède aussi des crus intéressants", estime Eric Duret, meilleur ouvrier de France 2000 en sommellerie, devenu dirigeant d'une société de conseil en vins.
Interloire, organisme regroupant viticulteurs et négociants des vins d'Anjou, du Saumurois et de Touraine, encourage des initiatives comme celle de Bourgueil qui dissipent les clichés sur les vins de Loire.
Samedi et dimanche, l'interprofession va envoyer ses viticulteurs présenter leurs vins aux visiteurs de plusieurs châteaux de la Loire. Des animations seront organisées autour du vin, sous le thème "Jardins, vins et châteaux en Val de Loire".
Ainsi, dans les jardins du château de Villandry (Indre-et-Loire), un biochimiste proposera un atelier intitulé "le nez du vin" pour faire deviner les principaux arômes des vins rouges et blancs. Un animateur de télévision expliquera dans le potager du château, un des plus beaux de France, comment marier vins et légumes.
Au château du Rivau, non loin de Chinon (Indre-et-Loire), Jacques Puisais, incontournable, proposera un "savoir-goûter" des principaux crus ligériens. Jean-Pierre Coffe lira "les plus belles pages du vin" écrites par Colette, Baudelaire, Apollinaire.
Dans celui de Saumur (Maine-et-Loire) un musicologue fera des gammes sur le thème "les musiques du vin" et un musicien jouera d'un orgue de cristal.
A Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), en marge du Festival international des jardins, Interloire organise depuis deux ans des dégustations dans les fleurs.
En termes d'image, les vins de Loire, en bonne compagnie avec des châteaux plus prestigieux qu'eux, tentent d'acquérir des "titres de noblesse". Mais c'est le consommateur qui, en dernier ressort, accordera ou non ses faveurs et sera plus ou moins séduit par le bon rapport qualité-prix des vins ligériens, vendus à des prix bien plus bas que les bordeaux et les bourgogne. |
